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Unemesure du bruit prĂ©sent sur le lieu de travail sâavĂšre donc nĂ©cessaire afin dâĂ©tablir une Ă©valuation du degrĂ© des nuisances sonores dans le milieu et appliquer les solutions adĂ©quates pour y remĂ©dier. DĂ©couvrez tous les risques liĂ©s Ă la pollution acoustique au travail et les moyens efficaces pour les Ă©viter.
93Likes, 9 Comments - Coach Nko (@teamnko) on Instagram: â#TEAMNKO travail en silence la rĂ©ussite se chargera du bruit !!!! đŠđȘđżđ„â
Levide, lâabsence, prend sa forme dans le sonore. 26 Si lâon revient Ă la question de savoir quel rĂŽle joue le silence dans lâautoconstruction du monde migratoire, on pourrait citer « the silence habitus » (Achino-Loeb, 2006 : 4). Le silence apparait comme un substratum dâidentitĂ© capable de parler par soi-mĂȘme.
Lapratique de lâhypnose en thĂ©rapie consiste Ă crĂ©er intentionnellement cet Ă©tat de conscience particulier afin notamment de travailler sur le traumatisme et les pensĂ©es et Ă©motions associĂ©es. A savoir : bien que lâhypnose nĂ©cessite une pratique avec un praticien, il est aussi possible par la suite de sâhypnotiser soi-mĂȘme.
Construisez vos projets en silence la réussite se chargera du bruit". Depech'Mode Paris Description du poste * Suivi de sa catégorie dans le plan de collection (cadré par le merchandising) ; * Suivi du budget de collection pour sa catégorie ; * Relation avec les fabricants en phase de collection ; * Gestion et saisie de la nomenclature de collection
LeBruit du Silence SociĂ©tĂ©. 3 25 dĂ©cembre 2016. #FaisonsLesComptes : bons baisers de SokodĂ© Nous sommes originaires de la ville qui compte plus de terrain de foot que dâĂ©coles. Nous venons dâune ville oĂč les collĂ©giens connaissent plus les joueurs des grands clubs dâEurope que dâauteurs et Ă©crivains du mĂȘme continent. Ici, nous sommes
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Chronologie 23 mai 2017Pedge sortait dâune nuit vraiment difficile. Elle nâavait pas fermĂ© lâĆil plus dâune demie heure consĂ©cutive et cela tenait au fait quâelle se rendait malade toute seule, comme une grande, au point de vomir ses tripes dans les toilettes de ses quartiers. Et pourtant, Dieu seul savait quâelle dĂ©testait vomir au point de faire des crises de panique. Elle nâĂ©tait plus quâune boule de nerfs. Elle ne voulait pas ĂȘtre aujourdâhui, et pourtant, le jour se levait, et avec lui, la nouvelle journĂ©e. Hier soir, elle avait pris une dĂ©cision radicale. Aujourdâhui, elle dĂ©missionnerait. Et câĂ©tait cet Ă©tat de fait qui faisait quâelle nâavait pas dormi, quâelle Ă©tait malade de stress et de dĂ©goĂ»t dâelle-mĂȘme. Pourtant, elle Ă©tait parfaitement lucide quand elle avait dĂ©cidĂ© de mettre un terme Ă sa carriĂšre dâofficier dans lâarmĂ©e des Etats-Unis dâAmĂ©rique, et plus largement, dans lâarmĂ©e terrienne qui Ă©tait atlante dĂ©sormais dans ce recoin de la galaxie de PĂ©gase. Elle ne pouvait plus se regarder en face. Elle Ă©tait coupable de tout ce qui sâĂ©tait produit aprĂšs sa capture par la reine Wraith. Elle avait appris, par une annonce, que lâensemble des civils qui avaient Ă©vacuĂ© vers la planĂšte de repli avaient Ă©tĂ© capturĂ© par des vaisseaux Wraith. Cela, elle nâĂ©tait pas directement responsable puisque MĂ©daâlyda les avait piĂ©gĂ©s. Mais tout le monde nâaurait pas Ă©tĂ© pris si le DĂ©dale Ă©tait arrivĂ© incognito pour tomber sur la gueule du croiseur. Mais voilĂ , elle avait bavĂ© le nombre de vaisseau que les atlantes avaient, et le DĂ©dale Ă©tait tombĂ© dans une embuscade, selon les informations quâelle avait donnĂ©es. Et en cela, elle nâĂ©tait plus digne de faire partie de lâarmĂ©e. Elle aurait dĂ» ĂȘtre jugĂ©e pour trahison, et se retrouver en prison Ă vie. Franchement, sa promotion nâĂ©tait pas mĂ©ritĂ©e. Qui voudrait dâun officier, dâun traĂźtre dâofficier dans ses rangs ?! Qui ?! Personne, câĂ©tait Ă©vident. Elle ne pouvait pas faire honneur Ă son nouvel insigne, ni mĂȘme Ă sa nouvelle qualification. Ce dĂ©sastre humain Ă©tait de son fait. Elle devait assumer son fardeau, et pour cela, elle devait ĂȘtre jugĂ©e par ses pairs. Elle en Ă©tait malade, parce quâen elle se disputait lâenvie de faire carriĂšre dans lâarmĂ©e, carriĂšre qui se dĂ©roulait bien et qui suivait une voie toute tracĂ©e vers des fonctions plus hautes, et Ă peine avait-elle mis le pied Ă lâĂ©trier en sortant des hommes du rang et des sous-officiers quâelle devait abdiquer. CâĂ©tait insupportable. Son rĂȘve de gamine traumatisĂ©e par un 11 septembre 2001 Ă©tait en train de sâĂ©tioler. Elle venait de le toucher du bout des doigts, et elle devait sâen dĂ©tourner en toute conscience, parce que câĂ©tait ce quâil y avait Ă faire. CâĂ©tait juste. Elle ne savait pas ce quâelle ferait ensuite si elle nâallait pas au mitard. Quâimporte. Elle nâavait pas envie dây penser. La douche lui permit dâavoir les idĂ©es plus claires, et elle se mit en uniforme, lissant le tout et cirant les rangers. Son bĂ©ret bien calĂ© dans son Ă©pauliĂšre, elle se fit tĂ©lĂ©porter sur le croiseur qui Ă©tait en train de subir des rĂ©parations lourdes pour Ă nouveau ĂȘtre opĂ©rationnel rapidement. Pendant lâembuscade, des membres du personnel Ă©taient morts, et cela aussi, elle lâavait en tĂȘte. Elle ne devait pas faillir, et parce quâelle Ă©tait fiĂšre, elle allait Ă lâĂ©chafaud en Ă©tant parfaite. Personne ne lui reprocherait dâavoir jetĂ© lâĂ©ponge sur son apparence cadrĂ©e et stricte. Quand enfin on lâautorisa Ă voir le Colonel Caldwell, le sous-lieutenant Allen salua de façon impeccable, et quand elle eut lâautorisation de passer au repos, elle posa une enveloppe cachetĂ©e sur le bureau de ce dernier. A lâintĂ©rieur se trouvait une lettre de dĂ©mission, rĂ©digĂ©e proprement et de façon protocolaire. Mon Colonel, je vous prĂ©sente ma dĂ©mission aujourdâhui-mĂȘme. Je souhaite par ailleurs vous informer que je suis condamnable pour acte de haute trahison envers cette expĂ©dition et mon drapeau. » Elle regardait droit devant elle, sans sourciller, mĂȘme si sa mĂąchoire se bloqua lĂ©gĂšrement, signe quâelle contrĂŽlait ses nerfs et quâelle ne voulait pas craquer. Elle Ă©tait juste en train de se suicider toute seule comme une grande, comme le bon petit soldat obĂ©issant quâelle Ă©tait au fond. Elle devait avouer que lâembuscade quâavait subi le DĂ©dale Ă©tait de sa faute. Elle devait assumer. Le commandement ne lâaurait pas promu sâil savait quâelle Ă©tait Ă lâorigine de la fuite. Torture ou pas. Pourquoi est-ce quâelle venait prĂ©senter sa dĂ©mission Ă Caldwell et pas Ă Sheppard ? Parce que ce dernier devait rĂ©cupĂ©rer aussi, et elle ne savait pas sâil Ă©tait de nouveau opĂ©rationnel. Cela faisait deux semaines quâils Ă©taient tous revenus de lâenfer, et personne nâavait encore repris le service actif. Il fallait lâaccord du personnel mĂ©dical et subir des Ă©valuations psychologiques. Peut-ĂȘtre quâelle aurait dĂ» se rapprocher des dirigeants⊠mais câĂ©taient des civils⊠Je signerai des aveux complets, et jâassumerai les consĂ©quences de mes actes. » Elle se tut, demeurant silencieuse, et extrĂȘmement calme alors quâune envie de vomir venait lui titiller la glotte. Mais elle savait quâelle garderait le dessus, parce que sa dĂ©termination Ă©tait encore prĂ©sente. Elle avait bien rĂ©flĂ©chi, et câĂ©tait ce quâil y avait Ă faire. Cela faisait deux semaines que lâĂ©quipage concentrait tous ses efforts sur la rĂ©paration du croiseur. Suite Ă la violente embuscade quâils avaient subi, le moral des hommes Ă©tait en berne. La douzaine de morts recensĂ© nâaidaient pas Ă les en relever dâailleurs. Il y avait eu, en plus des nombreux blessĂ©s dĂ©barquĂ©s sur Atlantis, plusieurs cas de traumatismes psychologique. Le tout grevait encore plus les effectifs dĂ©jĂ particuliĂšrement annulĂ©es, aucun service Ă terre, rotations dâĂ©quipes doublĂ©es et relevĂ©es uniquement Ă la fin des tĂąches. Les hommes sâacharnaient, la mine lasse et les Ă©paules voĂ»tĂ©es, sous les ordres dâofficiers tout aussi abattus quâeux. Le colonel Caldwell ne pouvait pas leur en vouloir ni mĂȘme leur reprocher ce comportement. Mais il Ă©tait le seul Ă faire exception de ce vent de dĂ©faite. Parcequâil Ă©tait Ă la tĂȘte de la galĂšre, parce quâil Ă©tait lâexemple Ă suivre, le symbole et lâeffigie du DSC-304 DĂ©dale, il ne devait pas se montrer faible Ă un moment pareil. Il voulait que ses hommes finissent par se rendre compte que ce nâĂ©tait que le dĂ©but et non une fin. Que tous se relĂšveraient pour retourner Ă lâaffront et faire payer au centuple cette dĂ©faite temporaire. Il y aurait dâautres combats Ă mener. Il y aurait dâautres batailles sanglantes et dĂ©courageantes. Et ses hommes traverseraient ces tempĂȘtes sinistres sans faillir. Le colonel sâen faisait la il fallait procĂ©der par CODIR avait Ă©tĂ© averti Caldwell ne descendrait pas sur Atlantis pour faire son rapport, en direct, tant quâil nâaurait pas stabilisĂ© lâĂ©tat de son appareil. Depuis le dĂ©but de lâexpĂ©dition, le DĂ©dale nâavait jamais Ă©tĂ© aussi sĂ©rieusement touchĂ©. Plusieurs ponts Ă©taient inaccessibles, des incendies se redĂ©claraient parfois dans les zones condamnĂ©es de la salle des machines, les conditions atmosphĂ©riques Ă©taient dĂ©faillantes, la gravitĂ© alĂ©atoire. Des dĂ©faillances de sĂ©curitĂ© en cascade Ă©taient Ă peine rĂ©glĂ©es par l'ingĂ©nierie que des technologies Asgards compromises prenaient la Ă©tait au point que les boucliers, Ă leur minimum depuis deux semaines, ne supporteraient pas la rentrĂ©e en atmosphĂšre. Il Ă©tait donc impossible dâamĂ©rir pour rĂ©parer. Tout devait se faire dans le froid, le silence et le danger sidĂ©ral. Caldwell avait refusĂ© toute intervention depuis Atlantis, quitte Ă se quereller avec les dirigeants. Le danger Ă©tait vĂ©ritablement rĂ©el, concret, amenant lâofficier Ă maintenir une tĂ©lĂ©portation dâurgence parĂ©e en cas de dĂ©faillance fatale pour la survie de ses hommes. Les seules tĂ©lĂ©portations autorisĂ©es concernaient les mĂ©decins, le matĂ©riel de transit et les quelques sergent-maĂźtre Tyrol, le mĂ©canicien en chef du croiseur, nâavait dormi que quelques heures par nuit, tout comme lui. On aurait aisĂ©ment pu comparer leurs cernes sans trouver de vĂ©ritables diffĂ©rences. Lui-mĂȘme avait retroussĂ© ses manches pour effectuer les tĂąches qui ne nĂ©cessitaient pas de compĂ©tences techniques poussĂ©e. CâĂ©tait Ă©galement une façon de sâimpliquer davantage dans la rĂ©paration progressive. Le maintien de son croiseur Ă©tait une lutte de tous les instants et, en ce jour prĂ©cis, lâĂ©quipage commençait enfin Ă reprendre lâavantage. Les bonnes nouvelles venaient...AprĂšs deux semaines de lutte acharnĂ©e, les rĂ©acteurs endommagĂ©s avaient enfin Ă©tĂ© stabilisĂ©, les Ă©missions de radiations supprimĂ©es. Les fuites dâatmosphĂšre devenaient convenable et les Ă©manations de gaz toxiques colonel Caldwell se trouvait au poste dâingĂ©niĂ©rie en train de faire le point avec le chef Tyrol, plusieurs techniciens et les ingĂ©nieurs. Il Ă©tait satisfait, se trouvait avoir le coeur lĂ©ger au point quâil le montrait, alors quâon lui expliquait que son bĂątiment nâĂ©tait plus Ă lâagonie mais simplement quelques hommes qui lâentouraient commençait Ă reprendre espoir. Ils Ă©taient tous extĂ©nuĂ©s mais rassurĂ©s. A prĂ©sent, les cycles allaient devenir moins rudes, le repos sâorganiserait petit Ă petit. Caldwell se brancha immĂ©diatement sur sa radio pour une annonce gĂ©nĂ©rale //Votre attention. Vos efforts combinĂ©s ont eu raison de nos nombreuses avaries. Je vous annonce que la situation de notre bĂątiment est enfin stable mĂȘme si elle demeure prĂ©occupante. Je vous fĂ©licite tous pour votre professionnalisme et votre tĂ©nacitĂ©. A tous les postes, reprenez les rotations classiques. Reposez-vous, vous lâavez amplement mĂ©ritĂ©...//Le PĂŽle-com lui rĂ©pondit rapidement par un autre message. Le sous-lieutenant Pedge Allen lui avait demandĂ© une entrevue la veille. OccupĂ© comme il lâĂ©tait, lâofficier nâavait pas donnĂ© suite, laissant la requĂȘte en suspens. Il ne pouvait plus se permettre de laisser le soldat dans lâattente mĂȘme si lâĂ©tat de son croiseur demeurait son ultime dâun instant, lâhomme se demanda si le CODIR nâallait pas se vexer de le voir accepter cette entrevue alors quâil avait reconduit son rapport depuis quatorze jours. Steven accepta finalement en veillant Ă ce que le rendez-vous soit repoussĂ© quelques heures plus fĂȘter la rĂ©ussite de lâĂ©quipage, Caldwell ordonna que les cuisines reprennent du service et disposent des stocks sans restriction. Il veilla Ă©galement Ă ce que le pont douze, niveau des divertissements, et que les tĂ©lĂ©portations pour les quartiers libres soient accordĂ©s. Le tout en adĂ©quation avec les besoins des demi-heure avant le rendez-vous, Caldwell atteignit enfin ses quartiers. Il remarqua son Ă©tat lamentable, imaginant sans peine sa forte odeur de sueur tĂ©moignant de sa nĂ©gligence, une premiĂšre le concernant, et prit rapidement une prit une tenue neuve, commanda quelques boissons puis tĂ©lĂ©chargea sur son ordinateur le dossier militaire du soldat. Le nom en lui-mĂȘme ne lui Ă©tait pas inconnu. Lâofficier avait remis Allen a sa place, ainsi que le sergent-maĂźtre Eversman, pour avoir manquĂ© Ă certaines rĂšgles Ă©thique lors dâune mission diplomatique. Ils nâĂ©taient pas entiĂšrement en faute et le colonel avait optĂ© pour des sanctions Ă orientation revanche, il nâavait pas hĂ©sitĂ© Ă mettre les pieds dans le plat lorsque le rapport du suivi psychologique, suite Ă la tentative de viol quâavait subi Allen sur cette planĂšte, lui avait semblĂ© plat et incohĂ©rent. Steven avait comptĂ© sur les services du psychologue du DĂ©dale, Sidney, pour relever ces erreurs et dĂ©couvrir le vĂ©ritable Ă©tat de la jeune nâimaginait pas, Ă ce moment-lĂ , quâelle traverserait lâune des Ă©preuves les plus dures et les plus destructrices quâun combattant pouvait vivre. Si cela avait Ă©tĂ© un autre soldat, Steven aurait sĂ»rement refusĂ© lâentrevue, prĂ©fĂ©rant de loin la rĂ©paration de son les mĂ©saventures de la section âCougar Natusâ lui Ă©taient parvenu sous formes de divers rapports, notamment mĂ©dicaux. Caldwell avait ses propres problĂšmes, il avait survolĂ©, lu en diagonale. Mais la torture de Pedge et Matt avait attirĂ© toute son attention. Les rapports prĂ©liminaires avaient fait partie de ses prioritĂ©s durant ses rares heures de colonel fĂ»t donc dans son bureau et prĂȘt Ă recevoir Allen. On la fĂźt entrer et il garda le silence tout du long, ne montrant aucune surprise lorsquâil la vit dĂ©poser sa lettre de dĂ©mission. En rĂ©alitĂ©, il ne posa mĂȘme pas un regard dessus, se contentant dâobserver lâallure parfaitement soignĂ©e de sa subordonnĂ©e. Il nâavait eu, pour seule rĂ©action, quâun clignement fugace et subtil de ses paupiĂšres. Le genre de signe qui ne voulait pas dire grand chose mais qui avait Ă©chappĂ© au contrĂŽle Ă©motif du colonel. Et ce nâĂ©tait pas garda un moment de silence, comme sâil Ă©tait en proie Ă une intense rĂ©flexion, pesant le pour et le contre, avant dâouvrir la bouche Repos soldat. Installez-vous. »Cela avait Ă©tĂ© clairement un ordre. LâĂ©tat Ă peine perceptible du sous-lieutenant Allen ne lui laissait pas vraiment de choix. Soit il prenait le risque dâĂȘtre avenant et Ă lâĂ©coute, ce quâelle nâĂ©tait clairement pas venu chercher. Soit il se comporterait comme le colonel dirigeant ce navire endommagĂ© et ayant bien dâautres chats Ă fouetter. Option pour laquelle il opta. Avant de signer de quelconque documents, je vous recommande de me faire part prĂ©cisĂ©ment de la nature et des circonstances de la trahison dont vous vous estimez coupable. » Caldwell lui servit son regard dâacier. Soyez honnĂȘte, directe et concise, soldat, ne me faites pas regretter de vous avoir accordĂ© cette entrevue. »Le colonel sortit son fameux bloc note et tapota son stylo dessus. Il venait de chausser ses lunettes, exactement lorsquâil avait procĂ©dĂ© au jugement de ses actes passĂ©s, puis la fixa dâun air tout Ă fait neutre Je vous Ă©coute. » Pedge nâĂ©tait pas aveugle. Le vaisseau, dâordinaire si posĂ©, Ă©tait en pleine Ă©bullition, dâune Ă©bullition Ă peine frĂ©missante, fatiguĂ©e par les deux derniĂšres semaines passĂ©es Ă rĂ©parer. Il y avait eu des morts dans cette embuscade, et le personnel devait en ĂȘtre affectĂ©, comme tous les militaires lorsquâils perdaient des frĂšres dâarmes dans une bataille. Cela dit, câĂ©tait leur mĂ©tier, et le risque faisait partie des conditions gĂ©nĂ©rales pour exercer. La jeune femme le savait, et elle Ă©tait bien placĂ©e pour le savoir. Ca, elle pouvait lâencaisser. Mais ce qui Ă©tait plus difficile Ă avaler, câĂ©tait que ces morts Ă©taient de son fait. Si elle nâavait pas parlĂ©, le DĂ©dale aurait eu une chance dâarriver incognito et surprendre le croiseur Wraith en pleine rafle. Elle avait collaborĂ©. Contre sa volontĂ©, mais elle lâavait fait quand mĂȘme. Car taire sa langue et ne pas divulguer des informations capitales auprĂšs dâintelligence ennemie faisaient Ă©galement partie des conditions gĂ©nĂ©rales pour servir. Les soldats pouvaient bien se dire que vue la solde, les conditions, et le fait quâils Ă©taient des ĂȘtres humains Ă part entiĂšre, ils avaient le droit de disposer de leur vie, le fait est quâils nâavaient pas le choix en prĂȘtant serment de dĂ©fendre lâAmĂ©rique, et plus largement, lâespĂšce humaine. AprĂšs, certain se la mettait sur lâĂ©paule et nâen avait rien Ă faire. Pas Pedge, aussi chaotique quâelle puisse ĂȘtre dans sa tĂȘte de temps en temps. Caldwell Ă©tait comme Ă son habitude. Dâapparence tranquille, il transpirait lâautoritĂ© et lâaustĂ©ritĂ©. Dans une autre vie, il avait dĂ» ĂȘtre moine, un de ceux qui auraient fait bouffer leurs Ă©pĂ©es par le cul aux Vikings venus les dĂ©pouiller des reliquats de Dieu. Puis il se serait flagellĂ© dâavoir pris une vie sacrĂ©e, avant de sâimposer des jeĂ»nes et autres conneries de ce genre. Sa paroisse aurait Ă©tĂ© la plus dĂ©vote de lâempire chrĂ©tien. Il ne tiqua pas quand elle fit sa dĂ©mission, et quâelle lâinforma de surcroit quâelle Ă©tait une traitresse. Elle nâĂ©tait pas assez observatrice pour interprĂ©ter ce clignement fugace qui avait agitĂ© ses yeux, car tout Ă chacun clignaient des yeux rĂ©guliĂšrement. Il ne rĂ©pondait rien. Il faisait souvent cela. Certainement quâil mĂ©ditait les propos de la texane et quâil cherchait une suite Ă leur donner. Pedge restait droite, rigide, et elle ne cherchait pas spĂ©cialement Ă croiser son regard, attendant le couperet. Il lui ordonna de sâinstaller. Elle ne se fit pas prier. Comme Ă son habitude, alors quâelle sâasseyait, il la toisa durement, nây allant pas par quatre chemins. Il voulait un rĂ©sumĂ©, il voulait des faits, des preuves, des circonstances. Ce vieux briscard fonctionnait toujours de la sorte. Il se basait sur une multitude dâinformations quâil avait en sa possession, des rapports, des expertises, des analyses, des descriptions, et il confrontait tout cela avec les principaux intĂ©ressĂ©s pour les dĂ©molir, ou pour les dĂ©douaner. Je ne souhaite pas vous faire perdre du temps, aussi serai-je concise. » Elle inspira par le nez, cherchant sans doute du courage de se dĂ©noncer, de se suicider militairement, et certainement civilement. Je ne peux aller voir le Colonel Sheppard qui est toujours en convalescence pour cela, et câest pourquoi je mâadresse Ă vous. » Elle gagnait du temps pour se donner la foi, la foi dâavancer, de tendre le bĂąton pour se faire battre. Au final, elle aurait Ă©tĂ© une bonne sĆur dans le couvent du moine Caldwell. Je suis responsable des avaries et des pertes humaines de votre vaisseau mon Colonel. Jâai divulguĂ© Ă lâennemi le nombre de nos bĂątiments et câest sans doute pour cela quâils savaient que vous seriez au maximum deux Ă vous rendre vers la planĂšte de repli des Natus. » Elle Ă©tait nerveuse. Habituellement, ses doigts restaient allongĂ©s sur ses cuisses, aujourdâhui, ils pianotaient entre eux. Elle savait quâelle allait perdre beaucoup. LâexpĂ©dition, le personnel de lâexpĂ©dition, sa vie intĂ©ressante et sa carriĂšre. Tout quoi. Elle ne vivrait plus sur une base extraterrestre Ă des milliards de parsec de la Terre, dans une autre galaxie. Elle ne franchirait plus lâhorizon des Ă©vĂšnements, elle ne reverrait certainement plus de peuple exogĂšne. Namara nâaura plus jamais sa partenaire citĂ©e Ă lâordre des vertueuses, et elle sera bien incapable dâenseigner leur façon de combattre en symbiose puisque sa double entitĂ© atlante ne serait plus lĂ pour ça. Isia⊠Pedge ne savait que penser de cette histoire qui naissait entre elles. Simple caprice de deux adultes consentantes qui sâamusaient lâune avec lâautre, ou qui espĂ©rait plus ? Peut-ĂȘtre quâelles se seraient lassĂ©es de tout ça et quâau final, ça en serait restĂ©e lĂ . Peut-ĂȘtre quâelles auraient consommĂ© cette Ă©nergie sexuelle en sâenvoyant en lâair, et puis ce serait redevenu banal », sans intĂ©rĂȘt puisquâil nây avait plus cette tension ? Ou peut-ĂȘtre quâelle aurait fini par se poser un peu avec cette blonde. Peut-ĂȘtre Ă©galement quâelles auraient fonctionnĂ© comme cela jusquâĂ ce que lâune ou lâautre ne parte, dâune façon ou dâune autre. Tant de possibilitĂ©s, dâhypothĂšses Ă vĂ©rifier, quâelle laisserait derriĂšre elle. Au moins, elle garderait un excellent souvenir de cette femme et de cette relation particuliĂšre naissante quâelles entretenaient, avec cette petite dĂ©ception continuelle de ne pas lâavoir explorĂ©e jusquâau bout. Mais le souvenir resterait beau. Ils ont donc basĂ© leur stratĂ©gie sur les informations que je leur ai donnĂ©. » Pedge savait quâil ne se contenterait pas que de ça. Une chose Ă©tait certaine, elle ne dirait pas que Matt avait sans doute donnĂ© quelques informations lui aussi quand elle se faisait torturer sous ses yeux. Le simple souvenir de tout ça lui agita la main de tremblements involontaires et cette fois, elle crispa ses doigts sur sa cuisse pour les calmer. Quant aux circonstances⊠» Elle laissa un moment de flottement, moment oĂč elle fixa un point invisible sur le bureau de lâofficier. Jâai parlĂ© sous la torture, mais jâai parlĂ© quand mĂȘme », finit-elle par lĂącher. CâĂ©tait plus dur de lâavouer quâelle ne voulait bien lâadmettre, et câĂ©tait sans doute pour ça quâelle ne dĂ©taillait pas plus. Jâai manquĂ© Ă mes serments. Jâai Ă©tĂ© formĂ© pour ça, pour rĂ©sister, et je me suis montrĂ©e faible. » Sa main remonta vers son Ă©paulette, oĂč elle toucha du bout des doigts les galons dâofficier quâelle avait reçu depuis peu. Et maintenant, jâai Ă©tĂ© promu sur des bases faussĂ©es et fallacieuses. Je ne mĂ©rite pas tout ça. Jâai merdĂ© colonel. », conclua-t-elle en gardant son calme. Elle avait bien fait de dĂ©gueuler de tout son saoul dans la nuit, dâavoir chouiner dans son oreiller, de sâĂȘtre rendue malade Ă en crever. Au moins, elle nâavait plus le courage de sâĂ©pancher Ă©motionnellement. Et sa dĂ©cision rĂ©flĂ©chie lui permettait de garder son sang-froid habituel, malgrĂ© sa tĂȘte de dĂ©terrĂ©e et les cernes imposantes qui soulignaient son regard Lorsque lâon voit un soldat impeccable, une lettre de dĂ©mission dans la main, avec le visage alourdi par les cernes et une neutralitĂ© forcĂ©e, il nâest pas difficile de faire le lien avec la mission trĂšs difficile qui avait eu lieu en dĂ©but de mois. Caldwell nâavait pas lu tous les rapports de la Magna Ă cause des rĂ©parations et de la gestion du DĂ©dale, il ne connaissait donc pas tout du combat qui avait Ă©tĂ© menĂ© sur le terrain. En revanche, les Ă©crits qui relataient en partie la torture subie par Matt et elle avaient Ă©tĂ© une prioritĂ©. Bien sĂ»r, il nâavait pas eu accĂšs aux tĂ©moignages et il ne savait mĂȘme pas, dâailleurs, sâil en Caldwell trouva donc dans la dĂ©claration de Pedge une partie de ses propres dĂ©ductions. Avec lâattaque soudaine des autres vaisseaux ruches et la certitude quâils avaient Ă©tĂ© attendu sur le champ de bataille, il ne fallait pas ĂȘtre un fin stratĂšge pour comprendre que lâinformation avait filtrĂ© quelque part. Et puisque toutes les Ă©quipes dâexploration avaient Ă©tĂ© suspendues sur Atlantis au cours de ces deux jours de guerre pour les besoins dâutilisation de la Porte des Ătoiles le cas de Pedge et Matt avait tout de suite permis plusieurs colonel, donc, nâafficha mĂȘme pas un air surpris en la voyant se charger de la responsabilitĂ© de ce dĂ©sastre. Il leva le nez, comme pour rĂ©ceptionner lâinformation sans montrer de rĂ©action brutale, et laissa son regard sombre courir sur elle. Lâespace dâun instant, il sentit de la colĂšre, une forme de haine monter doucement en lui. Cette femme se disait responsable et elle avait lâaudace de venir jusquâĂ lui pour se dĂ©noncer ? Elle cherchait un sous-lieutenant continuait de sâexpliquer, Steven gardait le silence, mais il relevait Ă©galement les signes de stress chez elle. Pedge se malmenait les doigts et tremblait. CâĂ©tait une colonel se rappelait parfaitement de la premiĂšre fois oĂč il lâavait recadrĂ© pour ses manquements sur la planĂšte des Cowboys. Elle avait Ă©tĂ© en partie effrontĂ©e et avait su maintenir un contrĂŽle de soi important, voir mĂȘme exceptionnel. Câest pour ça, dâailleurs, que lorsque ce rapport psychologique - quâil avait tenu en main un mois auparavant - ne lui avait pas plu, que lâhomme nâavait pas hĂ©sitĂ© Ă envoyer Sidney en passant outre lâautoritĂ© de lui, Pedge Allen avait un problĂšme rĂ©el qui datait. AntĂ©rieur Ă cette histoire de viol et antĂ©rieur Ă la torture. Sauf quâĂ prĂ©sent, aprĂšs de telles Ă©preuves, lâofficier sentait quâil serait bien difficile de la faire changer dâavis. On aurait pu croire quâelle sâĂ©tait prĂ©sentĂ©e de la sorte dans un besoin de subir la punition ou dans une quĂȘte de rĂ©demption. CâĂ©tait peut-ĂȘtre le cas dâailleurs. Mais le colonel nâĂ©tait pas un psychologue. Il nâĂ©tait pas taillĂ© pour repĂȘcher les hommes de leur mĂ©andres de culpabilitĂ©. CâĂ©tait un commandant et un dâun instant, il fut attirĂ© dans ce mĂȘme sentiment de culpabilitĂ© en regardant ses doigts. Le nom de Rick Welsh lui revint en tĂȘte. Il se rappelait avoir tournĂ© la clĂ© dans le boĂźtier dĂ©clencheur. Ce mouvement avait inondĂ© le sas dâĂ©vacuation dâun sĂ©rieux incendie Ă base dâhydrogĂšne deux milles trois cents degrĂ©s sur cet homme piĂ©gĂ© qui avait lancĂ© un hurlement quâil nâoublierait jamais. CâĂ©tait si puissant, si vibrant et humain, quâil lui suffisait simplement dây penser pour lâentendre de nouveau. Sa compagne secrĂšte Ă©tait arrivĂ©e pile Ă ce moment-lĂ . Rompant le poste de combat pour voir ce qui restait de lui contre la porte blindĂ©e qui avait refusĂ©e la libertĂ©. Et son hurlement, Ă elle aussi, Steven sâen câĂ©tait la guerre. LâĂ©jection de lâincendie dâhydrogĂšne avait sauvĂ© le DĂ©dale. Le tour de clĂ© du colonel avait dĂ©truit deux vies pour prĂ©server le reste. Câest un calcul horrible mais trĂšs simple Ă reporta son regard sur Pedge. Elle venait de terminer sa phrase par son impensable âjâai merdĂ©â, le colonel secoua nĂ©gativement la tĂȘte, comme pour lui faire comprendre Ă quel point elle pouvait se tromper. Il se redressa lentement sur son siĂšge en dĂ©croisant les mains de son bloc note. Il nâavait pas marquĂ© une seule ligne. Sous-lieutenant Allen. SpĂ©cialiste de la Guerre non conventionnelle et instructeur des troupes Ă©trangĂšres. VĂ©tĂ©rante de plusieurs missions Ă haut risque et survivante de plusieurs blessures de guerre. Vous partez Ă la rencontre dâun ennemi aguerri, ĂȘtes confrontĂ©s Ă lâadversaire le plus violent et le plus monstrueux qui soit, vainqueur dâune longue guerre contre les Anciens. Et vieux de dix milles ans. »Il lâinvita du regard Ă intĂ©grer ces informations. Vous ressortez de deux jours dâune guerre trĂšs brutale. Vous vous tirez dâune torture Ă peine concevable. Et vous venez vous porter responsable dâaveux arrachĂ©s sous la contrainte ? »Lâofficier garda le silence un instant avant de prĂ©ciser son analyse. Je suis un colonel de lâUS Air force et jâai soixante-cinq ans. A votre avis, aurais-je Ă©tĂ© capable de rĂ©sister autant que vous si nos rĂŽles avaient Ă©tĂ© inversĂ© ? » Elle ne voulait pas le regarder, mais immuablement, elle le toisait, essayant de lire son verdict avant quâil ne tombe en dĂ©chiffrant ce non verbal tellement dĂ©licat Ă percer. Elle nâĂ©tait pas assez observatrice pour ça, mais cela ne lâempĂȘchait pas dâessayer quand mĂȘme. Tout le monde le faisait, surtout quand le monde en question se retrouvait devant le peloton dâexĂ©cution. Serai-je condamnĂ© ? Ou bien vivrai-je ? Telle Ă©tait la question Ă lâheure actuelle. Quand elle termina son rĂ©cit par sa petite conclusion bien personnelle, elle le vit se redresser dans son siĂšge, secouant la tĂȘte nĂ©gativement. Son bloc note Ă©tait restĂ© vierge de toute Ă©criture, et elle ne savait pas si cela Ă©tait un bon ou un mauvais signe. De toute façon, maintenant quâelle Ă©tait lĂ , il nâĂ©tait plus question de reculer et dâaller lui lĂ©cher les pieds pour quâil oublie tout ce quâelle venait dâaffirmer avec conviction. Il commença par faire un rĂ©capitulatif de sa carriĂšre⊠Cela sonnait le glas de ses belles annĂ©es de service non ? La sentence allait tomber, et sa tĂȘte avec. Quâelle pessimisme, elle qui Ă©tait si sĂ»re dâelle, si prompte Ă se montrer effrontĂ©e pour dĂ©fendre une vision des choses quâelle pensait juste. Et lĂ non, elle se serait volontiers fusillĂ©e elle-mĂȘme si elle le pouvait. Pourtant, la suite de ce quâil affirma Ă son sujet, ce rĂ©capitulatif, ne sonnait pas comme une condamnation. PlutĂŽt comme une façon de remettre en perspective lâĂ©chec quâelle sâoctroyait. Oui, lâennemi quâelle avait combattu Ă©tait vieux, aguerri, dotĂ© dâune expĂ©rience plus importante et dâun sadisme sans nom, et alors ? Elle Ă©tait formĂ©e pour rĂ©flĂ©chir autrement, pour anticiper. Le terme guerre non conventionnelle prenait tout son sens dans cette expĂ©dition, et elle avait Ă©tĂ© aussi utile quâune pute dans un club Ă©changiste ! Il reformula ce quâelle venait de dire, lâobligeant Ă cesser de sâinfliger des calomnies mentales pour se recentrer sur ses propos. La phrase qui sâensuivit la laissa sans voix. Elle le toisa quelques secondes, dans un silence total. En gros, il sous-entendait quâelle Ă©tait bien sotte de venir se dĂ©noncer de choses qui nâavaient pas lieu dâĂȘtre. Pourtant, ce nâĂ©tait pas son point de vue. Cela tenait aussi Ă sa culture martiale, au fait quâelle en ait chiĂ© pour intĂ©grer ce quâelle considĂ©rait comme lâĂ©lite de lâarmĂ©e des Etats-Unis dâAmĂ©rique toujours la mĂȘme rengaine Ă qui aura la plus grosse entre les rangers de la Delta, les Seals, et les Forces SpĂ©ciales, et elle sâĂ©tait montrĂ©e aussi brisable quâune femme du rang. Elle ne voyait pas la rĂ©sistance exceptionnelle quâelle avait montrĂ©, pour elle, il nây avait que lâĂ©chec, les morts du DĂ©dale, et indirectement, les Natus kidnappĂ©s. Elle inspira. Toujours aussi larguĂ©e quand il sâagissait de mettre des concepts et des mots sur ses Ă©motions, elle ne savait pas si elle ressentait de la colĂšre de se faire prendre pour une dĂ©bile, dans le sens oĂč il lui faisait comprendre quâelle nâavait pas Ă faire ce quâelle faisait parce quâelle nây pouvait rien, ce qui pouvait sous-entendre quâelle Ă©tait faible mĂȘme sâil se plaçait dans la balance et que donc son propos Ă©tait autre, ou si câĂ©tait de la colĂšre de voir quâelle nâallait pas se faire radier de lâarmĂ©e, comme elle lâaurait souhaitĂ©, ou si câĂ©tait de la colĂšre de se faire pardonner, elle nâen savait fichtrement rien. Mon colonel », commença-t-elle, Ă la limite de la rupture au niveau du timbre de sa voix. Je suis des Forces SpĂ©ciales. Je suis censĂ©e pouvoir rĂ©sister Ă nâimporte quelle forme de torture. Vous nous donnez un couteau suisse et on vous renverse Cuba. Jâaurai dû⊠jâaurai dĂ» » une larme roula sur sa joue alors quâelle lâessuyait un peu rageusement. Jâaurai dĂ» rĂ©sister ! Je passe pour quoi maintenant ? Pour celle qui a vendu ce bĂątiment et les hommes qui sont morts. » Elle le regarda un instant avec une intensitĂ© peu commune, les yeux brillants, tremblante, pour une fois trĂšs expressive, comme pour le mettre au dĂ©fi de dire le contraire. CâĂ©tait lĂ toutes les limites du conditionnement des militaires. On leur apprenait la droiture, le respect Ă la hiĂ©rarchie, on brisait leur personnalitĂ© quand elles Ă©taient trop rebelles pour en faire de bon petit soldat, et ceux qui Ă©taient dĂ©jĂ de bons petits soldats comme Pedge, on leur renforçait ce sentiment, on les intĂ©grait, leur faisait sentir toute la cohĂ©sion de lâarmĂ©e, de la famille, et ensuite, quand les meilleurs se dĂ©marquaient, comme elle, on les envoyait dans des unitĂ©s de choc, dâĂ©lites, et on leur disait maintenant quâils Ă©taient les meilleurs, les plus beaux, les plus forts, mais quâils restaient quand mĂȘme des toutous fidĂšles qui devaient assumer leur personnalitĂ© tout en restant dans le rang. Et maintenant, la plus belle, la plus forte, venait de se prendre la claque de sa vie dans les dents, et elle ne lâencaissait pas, mais alors pas du tout. Elle redevenait la petite fille que papa chĂ©ri cognait en mĂȘme temps que maman chĂ©rie juste pour le plaisir dâassurer un semblant dâautoritĂ© Ă la maison. On lui avait vendu du rĂȘve, du rĂȘve amĂ©ricain, de grandeur, de dĂ©fendre son pays, dâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur, mais au final, elle en revenait toujours au mĂȘme point. Elle Ă©tait celle sur qui on tapait, elle Ă©tait celle quâil fallait finir par rabaisser, aussi hargneuse soit-elle. CâĂ©tait le bazar. Elle mĂ©langeait tout. Son raisonnement intĂ©rieur nâĂ©tait pas logique. En fait, câĂ©tait surtout une question de fiertĂ©. Elle aurait dĂ» la fermer, ne pas venir dans ce bureau et attendre de se faire convoquer si telle Ă©tait la volontĂ© de lâĂ©tat-major. Maintenant, elle venait faire sa crise existentielle auprĂšs dâun homme qui allait lui demander de la boucler et respecter les gens qui Ă©taient morts dans cette guerre, et dâarrĂȘter de faire la petite Ă©cervelĂ©e qui veut se rendre responsable parce quâelle est complĂštement masochiste, hautaine, et personnelle et que câest plus facile de se faire porter le chapeau plutĂŽt que dâassumer, de se pardonner, et dâavancer, plus fort demain quâhier. Les pleurs dissimulĂ©s de devait faire un effort impressionnant pour se retenir et ne chasser que cette larmichette dâun coup de manche. Mais le chagrin se sentait dans sa voix, en mĂȘme temps que toute sa culpabilitĂ©, cette rage contre elle-mĂȘme. Combien de temps ce sentiment lâavait rongĂ© avant quâelle ne vienne lâaffronter dans son bureau, au bord dâune rupture Ă©motionnelle ?Le colonel se rappela de son entretien sur Terre, lorsquâil avait Ă©tĂ© missionnĂ© pour juger les actes de la jeune femme sur PNF-627. Eversman et elle avaient dĂ©connĂ©. Et Caldwell avait Ă©tĂ© contraint de la pousser Ă bout, jusquâĂ ses derniers retranchements, pour quâelle daigne enfin dire la vĂ©ritĂ©. Elle sâĂ©tait montrĂ©e solide, dure Ă colonel avait parfois reçu des membres de son Ă©quipage qui en rajoutait. Qui parvenait Ă verser la larme dans le vain espoir de lâattendrir. Et ça ne marchait jamais. Mais dans ce cas prĂ©cis, avec les informations que le gradĂ© dĂ©tenait sur Allen, et le fait que son comportement actuel Ă©tait trĂšs loin dâĂȘtre factice cela eut lâeffet dâune piqĂ»re dâĂ©pingle dans son coeur de allait mal. Et ce nâĂ©tait pas du craignait dâĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une traĂźtre Ă sa patrie. Il nây a rien de plus dur pour quelquâun qui y est si attachĂ©. De la façon dont elle lâavait formulĂ©, on aurait pu croire quâil sâagissait simplement dâune question de fiertĂ©, dâune image quâelle nâacceptait pas de porter. Mais le colonel voyait bien que la blessure Ă©tait beaucoup plus profonde. Cela lui rappela automatiquement lâattaque dirigĂ©e envers le major Frei alors quâelle se remettait Ă peine de son viol. Il lâavait malmenĂ© volontairement pour lui enseigner une leçon, la forcer Ă protĂ©ger son grade pour lâ situation dâAllen Ă©tait diffĂ©rente. Mais il comptait Ă©galement intervenir auprĂšs dâelle. Lâhomme nâĂ©tait pas un psychologue chevronnĂ© contrairement Ă Sidney. Mais il faisait un parallĂšle avec son propre cas, en ayant tournĂ© la clĂ© qui avait mis fin Ă la vie dâun pauvre gars. Cette jeune femme avait besoin de comprendre que personne ne lui en voudrait pour avoir parlĂ©...tout simplement parce que câĂ©tait la guerre. Quâelle nâĂ©tait pas la coupable mais la victime dâune torture qui avait dĂ» durer des heures. Ce nâĂ©tait pas de sa aurait pu argumenter, se lancer dans tout un tas dâexplication pour lâencourager Ă revenir sur sa dĂ©cision, Ă prendre les Ă©lĂ©ments sous un autre angle. Il en avait envie dâailleurs. Mais il sentait bien que la militaire nâĂ©tait pas en Ă©tat de comprendre. Quâils sâenfonceraient tous les deux dans un dialogue de sourd. Et que rien de positif nâen ressortirait au il eut une autre idĂ©e. Est-ce que vous voulez vous racheter ? Est-ce que cela vous aiderait ? » Demanda-t-il la fixa dans les yeux. Il prit lâenveloppe contenant la lettre de dĂ©mission avant de dĂ©velopper. Mon croiseur est en cale sĂšche. Nous devons encore y effectuer des rĂ©parations importantes celles qui nous permettront de rentrer sur Terre. » Il se pencha lĂ©gĂšrement dans sa direction. Allen, je peux vous faire intĂ©grer mon Ă©quipage. Acceptez dâoublier temporairement vos galons et votre fonction. Partagez la vie de mes hommes pendant deux semaines. Aidez-les Ă rentrer chez eux. Vous dĂ©couvrirez au passage une rĂ©alitĂ© qui diffĂšre de votre jugement. »Il la considĂ©ra un instant avant dâouvrir lâenveloppe. Il parcourut rapidement la lettre avant de la contresigner et de la tamponner. CâĂ©tait comme sâil avait acceptĂ© sa dĂ©mission. Mais au lieu de lui rendre le document, il le plaça dans son tiroir. LĂ oĂč il y avait le dossier de Frei et les diffĂ©rentes affaires qui lui tenait Ă coeur. Caldwell referma le tiroir avant de conclure. Si Ă lâissue de cette pĂ©riode vous nâavez pas changĂ© dâavis, jâentamerai personnellement votre procĂ©dure de dĂ©mission. Et vous serez reconduite sur Terre. » [right]Il nâeut pas lâaffront de rĂ©pliquer quoique ce soit, et elle en fut fortement contrariĂ©e. Elle avait envie de rentrer dans quelquâun, de se confronter, de prouver Ă la Terre entiĂšre quâelle Ă©tait mauvaise, et Ă lâheure actuelle, elle nâavait que lui dans cette piĂšce. Bien entendu, câĂ©tait une forme de manĆuvre autodestructrice puisquâelle savait que si elle sâen prenait verbalement Ă lâofficier, elle risquait tout aussi bien sa place. Mais il ne lui rentra pas dedans non plus. Au lieu de ça, il lui proposa de se racheter. De me racheter ? », fit-elle en Ă©cho Ă ses propos, juste avant quâil ne dĂ©veloppe son idĂ©e. La notion mĂȘme de rachat voulait dire quâil reconnaissait quâelle Ă©tait fautive et quâil lui offrait la possibilitĂ© dâobtenir une forme de rĂ©demption par un acte fait en contrepartie. Sa colĂšre Ă©tait retombĂ©e comme un soufflet, alors quâelle le toisait. Elle ne tremblait plus, et lâenvie de pleurer lâavait quittĂ© pour de bon, mĂȘme sâil restait quelques reliquats accrochĂ©s Ă ses cils, rendant son regard brillant. Ce quâil lui proposa nâĂ©tait pas dĂ©nuĂ© de sens chez elle. Son pĂšre, aussi con quâil Ă©tait, lui avait toujours dit quâelle devait assumer ses erreurs et corriger les torts quâelle avait pu faire. Si elle acceptait cette proposition, elle pourrait aider concrĂštement Ă rendre Ă ce vaisseau sa splendeur dâantan, tout en cĂŽtoyant les hommes et les femmes qui lui donnaient son Ăąme, sa vie, sa personnalitĂ©, sous la fĂ©rule de son commandement. NĂ©anmoins, quelque chose la bloquait quelque peu. La honte. La honte et la crainte. Elle avait tout bonnement peur de se retrouver au milieu de cet Ă©quipage, quâon la tienne responsable, quâon la juge, quâon la rejette. Mais câĂ©tait sa pĂ©nitence, et elle ferait avec. Elle se fit le genre de promesse quâon ne tenait jamais, qui consistait Ă vouloir changer un trait de sa personnalitĂ© pour le futur, mais tout le monde savait que le naturel revenait bien souvent au galop. Toujours est-il quâelle se promit de se montrer humble dans sa tĂąche et sa condition, pour expier, dâun point de vue moral et non religieux, les torts quâelle avait provoquĂ©. Qui plus est, le deal Ă©tait correct. Si elle ne changeait pas dâavis, elle repartirait. Le colonel Caldwell venait de sây engager, et elle savait que la parole de cet homme Ă©tait fiable. Je ne pense pas que ma dĂ©cision changera, surtout aprĂšs avoir cĂŽtoyĂ© lâĂ©quipage. » Elle sâĂ©tait rembrunie, mais son allure neutre Ă©tait revenue, elle. Consciencieusement, elle dĂ©fit ses galons sur ses Ă©paulettes, ainsi que les diffĂ©rentes mĂ©dailles honorifiques quâelle avait pu avoir, et elle posa le tout sur le bureau du colonel. Mais jâaccepte votre proposition, au moins, ma dĂ©cision sera utile Ă dâautres. » Elle retombait au bas de lâĂ©chelle militaire. Elle ne savait mĂȘme pas si elle Ă©tait de nouveau une premiĂšre classe, ou pire. On dirait bien que je vais vraiment finir cantiniĂšre au mess. », finit-elle par dire, amer, prouvant lĂ aussi quâelle nâavait toujours pas digĂ©rĂ© lâaffront de sa menace lorsquâelle sâĂ©tait retrouvĂ©e devant lui en compagnie dâEversman pour une soi disante faute professionnelle. CâĂ©tait bon derniĂšre rĂ©plique de la jeune femme indiquait quâelle se reprenait dĂ©jĂ et cela rassura intĂ©rieurement le colonel. Sa proposition avait fait mouche et son aspect sâĂ©tait dĂ©jĂ renforcĂ©. Il retrouvait un peu plus la militaire de ses souvenirs. Il prĂ©fĂ©rait voir cet aspect effrontĂ© et quasiment provoquant sur son visage plutĂŽt que ces larmes douloureuses. Cette offre Ă©tait la seule quâil comptait lui faire et un refus aurait tout bonnement mis fin Ă leur entretien. Heureusement quâelle lâavait acceptĂ© sans rechigner sinon il lâaurait renvoyĂ© auprĂšs de Sheppard. Caldwell acquiesça tout en rĂ©cupĂ©rant les grades et dĂ©corations. Il plaça le tout dans son fameux tiroir. Il nây a rien de dĂ©gradant Ă servir au mess. Ce nâest pas une punition ou une corvĂ©e ici. Le DĂ©dale est la maison dâune grande famille. » Expliqua doucement lâofficier. Connaissez-vous le sergent-chef Tyrol ? Il sâagit du mĂ©canicien en chef du DĂ©dale, responsable de toutes les rĂ©parations brutes du croiseur. Il devrait ĂȘtre en train de prĂ©parer les affectation de lâĂ©quipe soir. Je vais le prĂ©venir de votre arrivĂ©e. »Le colonel dĂ©crocha le combinĂ© mural et le porta Ă ses oreilles. Il signala au pĂŽle-com lâadhĂ©sion de Pedge en tant que technicienne volontaire et ordonna Ă ce quâelle bĂ©nĂ©ficie dâun accĂšs par tĂ©lĂ©portation afin de pouvoir rĂ©cupĂ©rer certaines de ses affaires sur Atlantis. Des bagages limitĂ©s. On le mit en relation directe avec le chef Tyrol et le colonel dialogua un certain temps avec lui. Il fĂ»t court et prĂ©cis, comme dâhabitude, et ne rĂ©vĂ©la pas la raison de la prĂ©sence de Pedge. Pour les techniciens, elle Ă©tait une courageuse volontaire qui oubliait temporairement son grade pour les aider Ă rĂ©parer le DĂ©dale. Pas dâhistoire de rĂ©demption, pas dâinformation quant Ă sa torture et la culpabilitĂ© quâelle en tirait. CâĂ©tait une inconnue qui venait dâAtlantis. Lorsque ce fut fait, Steven raccrocha puis se tourna vers la militaire. PremiĂšre classe Allen, vous pouvez retourner sur Atlantis pour prĂ©parer vos affaires. Inutile dâemporter vos uniformes, lâintendant principal se chargera de vous fournir une dotation adaptĂ©e. PrĂ©sentez-vous Ă seize heures trente aux quartiers de lâĂ©quipage technique du pont six, vous y trouverez le sergent-chef Tyrol. De mon cĂŽtĂ©, je vais prĂ©parer les modalitĂ©s de votre adhĂ©sion parmi lâĂ©quipage auprĂšs de notre autoritĂ© respective. Est-ce que vous avez quelque chose Ă ajouter ? » Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle avait acceptĂ©. Elle Ă©tait certaine de se faire avoir dans lâhistoire. Comment, elle ne savait pas, mais quâimporte. Au moins, elle passera du temps Ă rĂ©parer les conneries dont elle Ă©tait responsable. Cela ne rendrait pas les morts Ă son croiseur, mais peut-ĂȘtre que sa conscience sâen trouverait soulagĂ©e. Et puis, elle allait cĂŽtoyer les gens qui font la vie de ce bĂątiment⊠Elle allait dĂ©couvrir un monde dont elle ne soupçonnait pas mĂȘme lâexistence, en retournant dans le rang des communs. Elle fit non » de la tĂȘte quand il lui demanda si elle connaissait le sergent-chef Tyrol, prĂ©fĂ©rant ne pas revenir sur le fait que ce ne soit pas une corvĂ©e que de servir au Mess quand on Ă©tait sur le DĂ©dale. Pour un soldat comme elle, se retrouver cantiniĂšre ne lui disait que moyennement, mĂȘme si elle devait reconnaĂźtre quâelle Ă©tait bien contente dâavoir sa purĂ©e Ă la louche dans son plateau quand câĂ©tait lâheure de se restaurer. Il lui expliqua rapidement la fonction de Tyrol, et il prit le temps de le contacter pour introduire la nouvelle » dans ses Ă©quipes. Pedge prenait sur elle sur ce coup-lĂ , car elle nâaimait pas se retrouver dans des situations de faiblesse. Elle entendait par lĂ quâelle allait ĂȘtre dans un environnement oĂč elle ne maitriserait absolument rien, si ce nâĂ©tait sa dextĂ©ritĂ© et sa capacitĂ© dâadaptation. Elle nâĂ©tait pas technicienne, et on ne pouvait pas dire que câĂ©tait une tronche en matiĂšre de technologie. Son cursus professionnel et scolaire ne lâavait pas conduite Ă faire beaucoup de science, ou de truc comme ça. Quant Ă la mĂ©canique⊠Ce nâĂ©tait tout bonnement pas sa tasse de thĂ©. Enfin, elle sâĂ©tait portĂ©e volontaire pour se racheter, elle ferait du mieux quâelle pourrait, comme elle le faisait toujours dâailleurs. Elle crut comprendre lors de lâĂ©change que le colonel entretenait avec son interlocuteur, quâelle aurait le droit de retourner sur Atlantis rĂ©cupĂ©rer des affaires pour ensuite revenir sur le croiseur prendre son affectation. Quand il eut fini, il confirma ce quâelle avait compris, tout en lui indiquant quelques modalitĂ©s dâusage, comme le fait quâelle serait dotĂ©e trĂšs certainement des uniformes de bord et pas de ceux dâAtlantis. Quâimporte. Câest bien compris mon Colonel. » En passant, elle eut Ă©galement la confirmation quâelle Ă©tait redevenue une premiĂšre classe et cela ne la dĂ©rangea pas le moins du monde. De toute façon, elle Ă©tait juste en sursis. Et puis, elle avait ce petit cĂŽtĂ© soumis quâon retrouvait chez les nippons dans les cours dâarts martiaux ou les titres et les grades Ă©taient honorifiques, et si le maĂźtre, en lâoccurrence le colonel, jugeait quâelle devait redescendre dans lâĂ©chelle social du Dojo, alors elle sây plierait avec humilitĂ©. Certes, cela lâembĂȘtait quand mĂȘme, elle qui avait voulu ĂȘtre officier dĂšs quâelle Ă©tait entrĂ©e dans lâarmĂ©e, par la petite porte en plus, mais câĂ©tait provisoire. Quand elle dĂ©missionnerait, ce serait sous le grade de Sous-Lieutenant. La premiĂšre marche du piĂ©destal. Adieu rĂȘve dâĂȘtre gĂ©nĂ©ral. Certainement une premiĂšre pour une femme. Mais ce ne serait pas elle. Je nâai rien Ă ajouter. Si je peux disposer, je vais rassembler mes affaires et me prĂ©parer Ă la tĂ©lĂ©portation. » Elle avait du temps devant elle, mais autant faire les choses le plus rapidement possible. Merci pour cette proposition. » Elle salua et quand elle obtint la permission de rompre, elle sâen retourna sur Altantis. Ses effets Ă©taient minces. Elle laissa son album photo, ne pensant pas le complĂ©ter sur le DĂ©dale. A dire vrai, elle nâavait que des vĂȘtements Ă emporter, et des effets personnels comme des bibelots, photos et autres. Elle fourra tout ça dans un petit sac de campagne militaire, quâelle mis sur son dos. Elle allait quitter sa chambre quand la bague dâIsia tapa sur le dossier de la chaise quâelle remettait proprement sous le bureau, faisant un bruit mĂ©tallique. Elle bogua un instant. Elle nâen aura rien Ă foutre, crĂ©tine que tu es. » Mais elle tira sa chaise en poussant un soupir dâexaspĂ©ration. Elle alluma son ordinateur, reliĂ© au rĂ©seau intranet de la citĂ©, et elle commença Ă rĂ©diger un mail Ă lâattention de la Taylor Laurence Allen _Objet___Message de Doudou_Date & Heure ___23/05/17 Ă 13h58 Isia, Votre Doudou sâabsente quelques jours sur le DĂ©dale pour aider aux rĂ©parations. Je souhaiterai vous parler Ă mon retour. Je sais que je nâai pas besoin de vous demander la permission, mais je prĂ©fĂšre vous prĂ©venir dâavance. PAR SUANAElle nâĂ©tait pas satisfaite de ce mail, le trouvant affreusement impersonnel, sans parler du fait quâil envoyait une image dâelle un peu pĂ©jorative. PĂ©jorative dans le sens oĂč Isia pouvait se demander pourquoi diantre avait-elle besoin de la prĂ©venir de son absence, pĂ©jorative dans le sens oĂč quoiquâelle en dise, elle demandait la permission dâaller lui parler, bref, elle avait le sentiment dâavoir une obligation envers la blonde, une forme de prĂ©occupation Ă lâinformer, alors quâelle nâavait pas de compte Ă lui rendre, si ? Mais voilĂ , elle Ă©tait dans sa vie maintenant, et bien quâelle puisse penser le contraire pour le moment, une forme de lien sâĂ©tait créée de leurs diffĂ©rentes rencontres des jours derniers. Quoi comme lien ? Pedge nâen savait strictement rien, et elle ne prĂ©fĂ©rait pas trop y penser pour le moment. Bref, une fois lâe-mail envoyĂ©, aussi peu satisfaisant soit-il, elle Ă©tait fin prĂȘte pour se faire tĂ©lĂ©porter. Vue lâheure, elle allait avoir du temps Ă tuer. Aussi fit-elle le mĂ©nage dans sa chambre, mit-elle son lit au carrĂ© proprement, ainsi, tout serait nickel quand elle reviendrait. Pour laisser propre ensuite pour le prochain occupant. Elle eut un regard amer. Maintenant quâelle Ă©tait au pied du mur, elle nâavait pas envie de tout ça. Le ranger allait mal le vivre, et elle savait quâil nâavait pas besoin de ça en plus, mais elle devait avant tout penser Ă elle⊠Dâailleurs, pourquoi est-ce quâelle pensait Ă lui maintenant ? Peut-ĂȘtre parce quâils avaient Ă©tĂ© dans la mĂȘme galĂšre. Elle aurait peut-ĂȘtre dĂ» le consulter avant de rĂ©agir comme ça. Mais bon, il nâĂ©tait pas vraiment en Ă©tat dâĂȘtre lucide. Elle fut tĂ©lĂ©portĂ©e Ă lâheure dite, et sa nouvelle existence provisoire allait pouvoir commencer. Le PĂŽle-com contacta Pedge dĂšs quâelle fut tĂ©lĂ©portĂ©e sur le DĂ©dale pour son admission. Elle avait son bagage et quelquâun Ă©tait venu lui apporter un ordre de transfert pour lâĂ©quipe soir des techniciens du DĂ©dale. Tout Ă©tait donc prĂȘt et officialisĂ© pour son changement temporaire de vie. LâopĂ©rateur lui indiqua le chemin pour se rendre sur le pont de lâĂ©quipage technique du pont six en lui conseillant plusieurs dĂ©tours. Avec les dĂ©gĂąts, plusieurs endroits Ă©taient inaccessible et il fallait donc allonger la route pour atteindre la nâĂ©tait pas Ă©vident. Plusieurs coursives verrouillĂ©es contraignaient Ă des dĂ©viations complexes. Il fallait parfois prendre une Ă©chelle pour atteindre la salle des anneaux arriĂšres, puis redescendre ensuite pour aller chercher une nouvelle Ă©chelle de service qui permettrait de remonter jusquâau pont six. Heureusement, la route semblait sĂ»re et malgrĂ© les dĂ©gĂąts visibles - comme des supports endommagĂ©s, des cĂąbles dĂ©nudĂ©s et inertes, des traces de brĂ»lures Ă©lectrique, des Ă©clairages mobiles et des systĂšmes de retraitements annexes de lâoxygĂšne - tout allait plutĂŽt pont six Ă©tait surtout rĂ©servĂ© aux techniciens. Les hommes semblaient avoir personnalisĂ© lâendroit puisquâil sâagissait surtout de leur lieu de vie. A lâexception du travail et du pont des divertissement, ils y passaient lâessentiel de leur temps. Le colonel semblait donc avoir acceptĂ© ces petites modifications quâils avaient apportĂ© dans le couloir principal. Lâagencement des lieux, dâailleurs, permettait dâapprĂ©cier une vie en communautĂ©. La coursive principale menait Ă trois dortoirs imposants oĂč une ardoise avait Ă©tĂ© montĂ©e au-dessus de chaque porte. Pedge y lu ceci âLes Bouffeurs de boulons - matinâ ; âLes douze clĂ©s de midi - jourâ ; âLes poĂštes du cambouis - soirâ. Un peu plus loin, il y avait les douches communes non mixte, les latrines, une intendance qui ressemblait beaucoup Ă une petite coopĂ©rative avec lâeffigie du courrier postal, le centre technique, des sas pour les Ă©quipements dangereux. Et la remise du priori, lâaffectation de Pedge se faisant sur lâĂ©quipe soir, elle se rendrait dans le dortoir des PoĂštes du cambouis. Câest lĂ quâelle devait retrouver le chef Tyrol. LâintĂ©rieur Ă©tait assez particulier et ne ressemblait en rien aux quartiers des passagers. CâĂ©tait plus restreint et surtout beaucoup plus simple. Une dizaine de lits Ă©taient encastrĂ©s dans les murs mĂ©tallique avec divers rangements au-dessus et en-dessous. Des lumiĂšres personnelles, des rideaux pour avoir un peu plus de tranquillitĂ©, et deux casiers marquant la sĂ©paration entre chaque sĂ©rie de lâĂ©quipe Ă©tait prĂ©sente. Pedge vit des hommes et des femmes habituĂ©s Ă vivre en communautĂ©. Elle ne sut si câĂ©tait un hasard particulier mais un vieux jukebox restaurĂ© entonnait lâair de âSweet Home Alabamaâ. Il Ă©tait pendu au plafond entre les diffĂ©rents Ă©clairage et une boule disco qui tournait lentement. Il y avait aussi des lumiĂšres de boĂźte de nuit mais elles nâavaient pas Ă©tĂ© branchĂ©e. Le tout donnait une certaine ambiance trĂšs conviviale. Au centre de la salle, plusieurs tables servaient Ă quelques hommes lancĂ©s dans une partie de cartes. Ils pariaient des cigarettes, imperturbables, et inconscient de leur nouveau visiteur. Certains restaient Ă les regarder, emportĂ©s par le la particularitĂ© se trouvait au fond du dortoir, Ă lâendroit oĂč se trouvait la ventilation de retraitement. Les techniciens avaient retirĂ© les tables, raison pour laquelle elles Ă©taient si rapprochĂ©es au centre de la salle, pour y bricoler diverses installations. Pedge ne rĂȘvait pas, câĂ©tait bien un barbecue de fortune, au milieu de plaque de cuisson bricolĂ©es, oĂč lâun des techniciens prĂ©parait plusieurs grillades pour lâĂ©quipe. Le retraitement de lâaĂ©ration avait Ă©tĂ© modifiĂ© pour servir de hotte aspirante. Et elle Ă©tait si efficace quâon ne sentait mĂȘme pas lâodeur de la gauche, une caisse en composite enroulĂ©e dans un feuillage trĂšs particulier diffusait un lĂ©ger brouillard. Quelquâun vint lâouvrir pour tirer une grille sur laquelle Ă©tait rangĂ©e des dizaines de bouteilles de biĂšres dĂ©naturĂ©es, ainsi que des sodas et des bouteilles comportant des noms de lâĂ©quipe. Un frigo de fortune ! RĂ©alisĂ© intelligemment avec cette caisse et un circuit dâazote liquide servait de rĂ©frigĂ©rant... Deux femmes, de lâautre cĂŽtĂ©, ouvraient un vestiaire pour prendre des couverts, des assiettes et des verres. Elles discutaient gaiement et rigolaient. Elles prĂ©paraient visiblement la ce temps, le reste de lâĂ©quipe sâoccupait comme si Pedge nâavait jamais Ă©tĂ© lĂ , comme si câĂ©tait un fantĂŽme. Elle eut lâoccasion de prendre en compte toute lâimportance de son nouvel environnement. Lâun des techniciens, par exemple, Ă©tait en train dâĂ©crire une lettre. Il y avait dâailleurs une vieille boĂźte aux lettres forgĂ©e Ă la main avec son petit drapeau AmĂ©ricain, fixĂ© contre le mur dâen face. Le tĂ©moin indiquait quâon y avait dĂ©jĂ dĂ©posĂ© du autre homme Ă©tait allongĂ© en jouant avec une vieille gameboy. Il agitait son pied droit au rythme de la musique en exhibant sa chaussette trouĂ©e et son gros orteil. Lâautre, dans une couchette Ă cĂŽtĂ©, faisait de la couture pour rapiĂ©cer lâuniforme abĂźmĂ© dâune collĂšgue qui le chambrait sur lâĂ©quilibre du pouvoir des dernier se tenait plus loin, sur une piste de golf de fortune faite avec les moyens du bord. Des morceaux de mĂ©taux forgĂ©s servaient de club et de la rĂ©sine solidifiĂ©e dans un moule avait permis dâen faire les balles. Il visait un ouvrage qui avait Ă©tĂ© forgĂ© pour prĂ©senter diffĂ©rents trous sur des Ă©lĂ©vations et des angles diffĂ©rents. Lâhomme rata son tir et enragea gentiment en donnant un billet Ă son Ă lâĂ©cart, sur lâune des tables libre, il y avait un homme un brin plus vieux. Et beaucoup plus prĂ©occupĂ©. Il Ă©tait penchĂ© sur des plans papiers dâune section du DĂ©dale et semblait lâĂ©tudier avec beaucoup dâintĂ©rĂȘt, dessinant dessus avec son crayon Ă papier. Il alternait parfois avec sa tablette, cherchant visiblement des informations, puis il Ă©crivait ensuite sur son calepin. Par moment, il effectuait des conversations radio en utilisant un jargon trĂšs technique. Son aspect trahissait lâaccumulation des heures de travail et le manque de sommeil. Ses joues Ă©taient tachĂ©es par des traces de cambouis et son uniforme fluo semblait terni par la saletĂ©. Surement dans un Ă©lan de dĂ©tente, il avait ouvert toute la partie haute de sa combinaison unique et avait nouĂ© les manches autour de sa taille pour respirer. Sa tenue verte classique se voyait en-dessous mais il avait visiblement laissĂ© tomber la veste rĂ©glementaire pour un t-shirt gris, personnalisĂ©, et Ă moitiĂ© trouĂ©. Le genre de t-shirt bidon quâon offre Ă un le dos, parmi la multitude de signatures provenant sĂ»rement de tous ses techniciens, on y lisait dans une trĂšs belle Ă©criture lâinscription suivante âBoss, botteur de culs bien aimĂ© !âEquipe soir A peine arrivĂ©e quâelle Ă©tait contactĂ©e. Tout le monde Ă©tait localisable sur ce rafiot, avec les puces sous cutanĂ©e. La sociĂ©tĂ© de demain, Ă nâen point douter. Machinalement, elle se frotta le bras Ă lâendroit oĂč on la lui avait injectĂ©e. Elle avait son ordre de transfert dans les mains, et elle Ă©tait fin prĂȘte Ă rejoindre sa nouvelle affectation. LâopĂ©rateur du DĂ©dale lui fit un briefing rapide sur la façon de se rendre aux quartiers des techniciens, tout en lui suggĂ©rant des itinĂ©raires afin quâelle ne tombe pas sur des coursives inemployables. Pont six. », fit-elle en tournant sur elle-mĂȘme pour localiser une quelconque indication. A dĂ©faut, elle suivit donc les conseils de lâopĂ©rateur. En temps normal, le cheminement Ă©tait plus direct, mais aprĂšs les diffĂ©rentes avaries dont avait Ă©tĂ© victime le DĂ©dale, la route directe pour aller au pont six nâĂ©tait plus. Il fallait donc innover, utiliser le labyrinthe de coursives pour parvenir Ă destination. Elle avait un peu de temps devant elle, aussi ne stressa-t-elle pas inutilement pour rien quand elle commença Ă se dire que ça faisait un moment quâelle tournait lĂ -dedans. Il fallait monter, descendre, le plus souvent par des Ă©chelles de services, et partout les dĂ©gĂąts de lâaffrontement Ă©taient visibles. Des cĂąbles dĂ©nudĂ©s et des traces de brĂ»lures Ă©lectriques essentiellement. Les dĂ©bris Ă©taient ramassĂ©s depuis longtemps, et les Ă©clairages dĂ©fectueux Ă©taient compensĂ©s par des lampes mobiles. Quant au retraitement de lâoxygĂšne, il sâeffectuait par le biais de stations elles aussi mobiles, qui permettaient de conserver un accĂšs Ă lâensemble du croiseur, du moins dans les zones sĂ©curisĂ©es. Elle arriva finalement au pont six. Celui rĂ©servĂ© aux techniciens militaires, ce quâelle Ă©tait dĂ©sormais. Le couloir donnait sur diffĂ©rents lieux de vie, et notamment sur les dortoirs des diffĂ©rentes Ă©quipes. Elle put lire les diffĂ©rents noms des diffĂ©rentes Ă©quipes, lesquelles Ă©taient rĂ©parties sur un modĂšle de trois huit, oĂč chacune opĂ©rait sur une huitaine. Une fois que lâon Ă©tait dans lâune, on ne devait plus pouvoir ĂȘtre dans une autre. Pour elle, ce serait le dortoir qui affichait le dĂ©licat nom les poĂštes du cambouis ». Les diffĂ©rents noms ne cassaient pas trois pattes Ă un canard, mais câĂ©tait sympa dâavoir donnĂ© une touche personnelle Ă tout ça. Il y avait Ă©galement les vestiaires et les douches dans ce couloir, les latrines, une intendance, une rĂ©serve et un local. Pedge en fit rapidement le tour, sans pousser une quelconque porte pour le moment. De toute façon, cela devait bien ressembler au reste du croiseur. Elle sâarrĂȘta devant la porte de son dortoir. Elle embrassa du regard lâendroit, sur le seuil de la porte. Une pointe dâexcitation et de crainte mĂȘlĂ©e sâempara dâelle. Elle dĂ©couvrait une nouvelle affectation, une nouvelle unitĂ©. Quand elle avait commencĂ©, elle sâĂ©tait retrouvĂ©e avec des recrues toutes fraĂźches et tout le monde Ă©tait lĂ pour la mĂȘme chose se former et dĂ©fendre le pays, dans lâenvironnement nouveau quâĂ©tait lâarmĂ©e. Ils avaient tous dĂ©couvert la rudesse de l'entraĂźnement, la volontĂ© de fer des instructeurs Ă faire dâeux des hommes, des vrais, des durs, des putains de GI amĂ©ricain. Tout le monde se serrait les coudes, on ne laissait tomber personne, et des amitiĂ©s se faisaient dans la duretĂ© de lâapprentissage. Elle Ă©tait arrivĂ©e dans lâarmĂ©e en pensant gravir les Ă©chelons, Ă la diffĂ©rence de nombreux de ses camarades qui nâavaient pas son ambition aussi dĂ©mesurĂ©e. Et puis, Pedge avait toujours eu les dents longues et elles raclaient tellement le parquet quâelle se pensait supĂ©rieur aux autres. Elle avait appris lâhumilitĂ©, ainsi que la volontĂ© de se surpasser, dĂ©jĂ soi-mĂȘme, mais surtout cet enculĂ© y en a toujours un qui possĂ©dait des facilitĂ©s Ă Ă©cĆurer tout le monde, et qui semblait toujours vous surclasser dâune tĂȘte pour tout, et sans forcer. Bref, elle dĂ©couvrait la compĂ©tition alliĂ©e Ă lâesprit de franche camaraderie militaire. Et puis elle avait Ă©tĂ© affectĂ© Ă une compagnie. La 101Ăšme aĂ©roportĂ©e. Rien que ça. La compagnie des aigles hurlants », leur blason lĂ©gendaire, leur histoire historique. Elle a Ă©tĂ© de toutes les guerres depuis la seconde guerre mondiale et le fameux dĂ©barquement en Normandie. Vietnam, guerre du Golf, Irak, Afghanistan. Elle avait eu son premier casque marquĂ© dâun Pique » comme sur les cartes Ă jouer, symbole de son bataillon au sein de la 101Ăšme. Cela remontait maintenant⊠Presque 20 ans. Elle avait ensuite suivi un cursus scolaire en parallĂšle pour passer une maĂźtrise de science politique et militaire, et elle avait candidatĂ© en interne pour rejoindre les Forces SpĂ©ciales. Et elle sâĂ©tait retrouvĂ©e dans la compagnie dâappuis du 2nd bataillon du 5Ăšme groupe des FP amĂ©ricaines. SpĂ©cialisation guerre non conventionnelle, et formation des troupes Ă©trangĂšres. Nouvelle Ă©quipe, nouveau rĂ©giment, nouvelle intĂ©gration, nouveau connard Ă surpasser et nouvelles amitiĂ©s. Rebelotte avec Atlantis quelques annĂ©es plus tard. Alors quoi ? Devait-elle ĂȘtre intimidĂ©e par des techniciens ? Ils Ă©taient tous militaires, comme elle, et cela ne changerait pas de ses prĂ©cĂ©dentes affectations. Elle ferait sa place en temps et en heure. Certain ne lâaimerait pas, dâautre oui, et il en irait de mĂȘme pour elle. Elle ne sâinquiĂ©tait pas trop. Les militaires Ă©taient habituĂ©s Ă la mobilitĂ©, au changement de vie, dâaffectation, de base. Ce nâĂ©tait quâune fois de plus. Mais voilĂ , sur elle pesait le spectre de la trahison. Le dĂ©corum Ă©tait spartiate, comme lâon pouvait sây attendre. RangĂ©es de lits, casiers, rideaux, lumiĂšres personnelles. Rien de bien folichon. Au moins nâĂ©tait-elle pas dans les sempiternelles tentes dortoirs avec lits superposĂ©s. Partout oĂč lâhumain sâinstallait, il personnalisait son lieu de vie, pour en faire un chez soi communautaire, acceptable par tous. DâoĂč la prĂ©sence de nombreux effets personnels, dâun jukebox qui entamait un air que Pedge affectionnait. Des hommes jouaient aux cartes, des lumiĂšres faisaient leur petit effet, tandis que des hommes entouraient le groupe de joueur pour mater la partie tout simplement. Non, elle nâĂ©tait pas vraiment dĂ©paysĂ©e. Tout cela Ă©tait commun au monde militaire. Charge aux nouveaux de sâintĂ©grer dans ce gloubi-boulga en prenant ce qui Ă©tait dĂ©jĂ Ă©tabli et en proposant des nouveautĂ©s si le cĆur lui en disait. Tant que cela convenait Ă lâensemble des personnes dĂ©jĂ prĂ©sentes, ce nâĂ©tait que du bonus. Mais comme elle Ă©tait dans lâantre de techniciens, il y avait des particularitĂ©s assez⊠surprenantes. Ce barbecue par exemple. CâĂ©tait dingue. Et drĂŽlement sympa. Sans parler de ce frigo bricolĂ© Ă mĂȘme du circuit de refroidissement ! Pedge se demanda lâespace de quelques secondes si le colonel Ă©tait au courant de tout ça. Probablement que oui, et comme tout commandant qui se respecte, il laissait faire tant que lâĂ©quipe Ă©tait efficace et que cela ne nuisait pas Ă lâintĂ©gritĂ© de son croiseur chĂ©ri. Personne ne vint la saluer, personne ne vint couper son observation latente des lieux. Au moins, elle avait le loisir de poser les yeux nâimporte oĂč, lâĂ©paule appuyĂ©e sur le chambranle de la porte. Lâendroit fourmillait de vie. Chacun y allait de son petit passetemps. Et personne ne faisait chier personne, ce qui rassura Pedge, qui se disait que si elle voulait se caler dans son plumard pour bouquiner, on ne lâembĂȘterait pas. Des fois, il y avait des personnes assez chiantes et envahissantes, et soi le groupe tenait avec, soit il finissait par lâĂ©carter petit Ă petit. Bon il Ă©tait temps. Pedge avait repĂ©rĂ© Tyrol. CâĂ©tait sans doute le plus sĂ©rieux de tous ceux qui jouaient Ă la console, au golf, ou mĂȘme Ă la couture. Elle sâĂ©tait promise dâĂȘtre humble, aussi nâentra-t-elle pas avec toute son arrogance habituelle. Mais bon, cela restait Pedge, et elle arma une fois, puis deux fois, puis trois fois son poing, pour le faire cogner contre la partie mĂ©tallique de la porte, espĂ©rant avoir un minimum dâattention. Bonjour, je cherche le sergent chef Tyrol », fit-elle quand elle capta son auditoire. Elle savait trĂšs bien qui câĂ©tait dans la piĂšce, mais quâimporte. CâĂ©tait, selon elle, plus efficace de demander lâinformation aux membres. La volontĂ© dâĂȘtre serviable envers un nouvel arrivant permettait souvent de se faire une idĂ©e des gens prĂ©sents. Il y en aurait forcĂ©ment un pour lui faire de la lĂšche, et vouloir tout lui montrer tandis que dâautres seraient plus rĂ©fractaires, plus rĂ©servĂ©s avec elle. Peut-ĂȘtre quâelle se tromperait et que tout le monde lâignorerait, et dans ce cas⊠ben elle prendrait sur elle pour aller voir directement le concernĂ©. Equipe soirFinalement, il nây eut que trĂšs peu de rĂ©action. Les deux femmes qui mettaient la table sâĂ©taient contentĂ©es de lui faire un geste de loin pour lui dire de rentrer. Les hommes demeuraient imperturbables sur leur partie de carte. Le type Ă la console se contentait de la fixer Ă©trangement, une clope Ă©teinte coincĂ©e dans le coin de la bouche, avec un air vĂ©ritablement au deux qui faisaient de la couture, la femme Ă la coiffure trĂšs loin de la rĂ©glementation fronça les sourcils tandis quâelle donnait un coup de coude Ă son ami pour la pointer du doigt. DĂšs que cet homme rencontra la silhouette de Pedge Ă la porte, il fronça Ă©galement des sourcils en cessant sa regard de Tyrol sâĂ©tait dĂ©tournĂ© vers lâaccĂšs et il acquiesça. Oui, par ici ! » Fit-il briĂšvement en levant la main. Lâautre Ă©tait plaquĂ©e contre son oreillette. // Non. Non, il fallait dĂ©couper la zone trois en premier. Celle que je vous avais pointĂ© ! Tout devait ĂȘtre prĂȘt pour demain matin ! L'Athena est dĂ©jĂ en train de...// Le technicien grommela, visiblement agacĂ© par la mauvaise surprise. Il replia nĂ©gligemment ses cartes pour les coincer sous son bras alors quâil quittait la table.// Vous ne bougez pas de lĂ ! Je vous rejoins...attendez que...//En passant Ă cĂŽtĂ© dâelle, le sergent-chef sâimmobilisa soudainement et se tourna vers ses hommes. HĂ© ! Jâen ai pour quelques minutes...faites-lui faire le tour du proprio ! » Il repartit aussitĂŽt, toujours en conversation radio. Il laissa dans son sillage une trĂšs forte odeur de transpiration et de saletĂ©. Le silence retomba soudainement comme du plomb. Le Jukebox sauva quelque peu lâambiance en enchaĂźnant immĂ©diatement sur lâair de âRun to the jungleâ. A part ceux qui jouaient aux cartes, le reste de lâĂ©quipe se contentait de jauger la nouvelle arrivante. Câest la blonde Ă la coiffure non rĂ©glementaire qui quitta la couche pour sâapprocher dâelle, son ami dĂ©laissa sa couture pour faire de mĂȘme. Regardez donc ce que le vent nous amĂšne... » FĂźt Marta en la regardant de la tĂȘte au pied. Impeccable lâallure pas mĂȘme un pli sur lâuniforme de madame. »Lâhomme Ă©tait tout aussi peu accueillant. Il rĂ©pondit du tac au tac Ca pue lâĂ©lite militaire Ă plein nez ça⊠» Tiens donc ! Les petits pĂšte-culs qui se pensent les meilleurs parce qu'ils ont trainĂ©s dans la boue. Tâes de ceux-lĂ ? Quâest-ce que tu viens faire par ici ? » Franck haussa les Ă©paules et la considĂ©ra dans un air assez hostile. Elle doit croire quâon peut pas se dĂ©brouiller avec un type en moins⊠» Ou elle vient faire sa bonne petite action parce quâelle a rien Ă foutre de sa vie chez les gars dâen bas, câest ça ? »Le type Ă la gameboy, Harry, dĂ©colla sa clope pour intervenir dâune voix plus forte sans quitter sa couchette. Vas-y mollo avec la nouvelle. Je lâai vu passer chez le vieux, câest une sardine. »Marta Ă©carquilla les yeux, comme si l'Ă©lĂ©ment Ă©tait encore plus Ă la dĂ©charge de Pedge. Elle se retourna vers Welsh. Tâes pas sĂ©rieux ! » Un lieutenant je crois, avec un bĂ©ret vert Ă lâĂ©paule. »Il hocha la tĂȘte avant de retourner sur sa console. Le regard de requin revint se poser sur Pedge. CâĂ©tait apparemment encore pire. Et ben ça alors, mon lieutenant, comme ça on vient fricoter avec la valtingue ? On veut des petites histoires Ă raconter Ă ses copains gradĂ©s. Se vanter Ă la crĂšme de la crĂšme des pĂ©teux ? La peau de mon cul ouais ! » Elle lui fĂźt face de tout son long dans un Ă©lan de complĂšte provocation. Franck faisait pareil en se tenant Ă cĂŽtĂ© silencieusement. Soit il suivait aveuglĂ©ment, soit ses pensĂ©es Ă©taient encore plus sombres et ils les gardaient pour lui. Marta ne tarda pas Ă les traduire. Ăcoute-moi bien, boulet. Rien Ă cirer de ton grade ou de la raison pour laquelle tu viens jouer les touristes dans notre piaule. Je sais pas ce que tâas fait de âbonâ au vieux pour quâil tâenvoie. Mais tâa rien Ă foutre chez nous. »Lipton referma son jeu de carte avant de les balancer nerveusement sur la table. Il se retourna en fusillant Marta du regard. Tu vas la fermer oui ? Le chef dit quâelle restera deux semaines. Ca arrivera vite. Alors fait pas de vagues, tâes dĂ©jĂ sur la sellette. »La blonde regarda son collĂšgue et secoua la tĂȘte avant de lui rĂ©pondre HĂ© ! Tâes dans quel camp toi ? On paume un de nos gars et mĂȘme pas deux semaines aprĂšs, on reçoit âçaâ en guise de renfort ? Faut le prendre comment ? » Comme ça vient. Alors Ă©crase maintenant ! »Lipton sâĂ©tait levĂ©, il alla jusquâau trio et repoussa doucement Marta du chemin de Pedge. Retourne dans ta couchette, je mâen charge. » Ouais...câest ça. » FĂźt la jeune femme trĂšs acide. Tâhabitue pas trop aux draps, boulet. Tu auras pas le temps de les rĂ©chauffer. » Tu devrais rendre service Ă tout le monde en te cassant. Content de tâavoir connu... » LĂącha Frank dans un coup dâĂ©paule provoquant avant de suivre serra la mĂąchoire. Il nâĂ©tait pas dâaccord sur le comportement mais comprenait le fond de la situation. Une part de lâĂ©quipe Ă©tait encore au beau milieu dâun deuil au moment oĂč une gradĂ©e volontaire les rejoignait. Et il faut dire que lâĂ©lite militaire souffrait dâun prĂ©jugĂ© assez pĂ©joratif. Pedge reprĂ©sentait donc ce que ces deux-lĂ dĂ©testaient. Bon. Je mâappelle Carwood Lipton. Tout le monde ici m'appelle Lip. Ton nom, câest quoi ? » Ce nâĂ©tait pas la farandole pour lâaccueillir, mais en mĂȘme temps, ce nâĂ©tait pas Ă©tonnant. Ils devaient bosser d'arrache pied depuis que le DĂ©dale Ă©tait en rĂ©paration, et ils Ă©taient en plein moment de dĂ©compression. NĂ©anmoins, elle sâattendait Ă un peu plus de considĂ©ration, surtout dans une Ă©quipe rĂ©duite comme celle-lĂ . Peut-ĂȘtre parce quâelle avait toujours Ă©tĂ© habituĂ© Ă lâentraide et Ă la fraternitĂ© militaire, celle qui faisait quâon intĂ©grait le nouveau qui Ă©tait susceptible de mourir demain. Mais elle devait se rappeler quâelle nâĂ©tait pas dans une section de combat, mais dans une section dâappuis. Ils pouvaient subir des pertes, puisquâils subissaient lâĂ©preuve du feu indirectement eux aussi mais proportionnellement ils Ă©taient moins exposĂ©s que le connard qui avançait dans une rue oĂč les positions dâembuscades Ă©taient lĂ©gions. Certes, ce nâĂ©tait peut-ĂȘtre pas aussi vrai dans un croiseur soumis Ă des tirs ennemis, puisquâils se retrouvaient en premiĂšre ligne pour gĂ©rer les avaries, et Dieu savait quâelles pouvaient ĂȘtre nombreuses dans un affrontement. Il pouvait y avoir tout un tas de facteurs qui entraient en ligne de compte et qui pouvaient expliquer cette rĂ©action dâindiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale ou presque. Le Sergent-Chef Tyrol se manifesta quand mĂȘme et câĂ©tait tout ce que voulait lâex sous-lieutenant. De ce fait, elle allait pouvoir se placer sous son commandement au plus vite, et intĂ©grer lâĂ©quipe officiellement. Sauf que voilĂ , ce dernier nâavait manifestement pas le temps. Bien », fit-elle en guise de rĂ©ponse dans le vent alors quâelle se poussait lĂ©gĂšrement pour laisser passer lâhomme Ă lâodeur rance. Elle ne manifesta rien de plus alors quâelle se repositionnait pour regarder Ă nouveau dans le dortoir. Il nây avait plus quâĂ se faire indiquer sa couchette pour installer ses maigres affaires dans le casier qui Ă©tait juxtaposĂ© Ă tout ça, et faire connaissance avec l'Ă©quipe. Mais elle nâeut pas le temps dâouvrir Ă nouveau la bouche quâune des femmes du dortoir approcha, accompagnĂ© du mec qui faisait de la couture quand elle Ă©tait arrivĂ©e. Au regard des tronches quâils tiraient, la jeune femme estima rapidement quâils nâallaient pas ĂȘtre accueillant, mais elle resta de marbre, se contentant de les regarder approcher tranquillement. Elle fixait surtout la jeune femme Ă la coupe de cheveux particuliĂšre. Si elle nâavait pas accrochĂ© son regard dans un premier temps, câĂ©tait surtout parce quâelle lui tournait le dos et que le cĂŽtĂ© propre » de sa tignasse ne lâavait pas choquĂ©e. Mais lâautre cĂŽté⊠CâĂ©tait particulier. Pedge aimait assez en fait. Elle exprimait sa personnalitĂ©, mĂȘme si lâaccoutrement capillaire laissait Ă dĂ©sirer pour un militaire, surtout que c'Ă©tait agrĂ©mentĂ© dâun tatouage assez imposant. Mais les temps Ă©taient plutĂŽt au laxisme pour tout ça, surtout dans les groupes spĂ©ciaux. On laissait les personnalitĂ©s Ă©clore, pour les magnifier et non les brimer comme avant. Son impression se confirma dĂšs quâelle ouvrit la bouche, tout en la dĂ©taillant dâun air arrogant, voir prĂ©dateur. Elle avait raison de fixer son attention sur la jeune femme blonde. Lâautre nâĂ©tait quâun accessoire de la belle qui portait clairement la culotte dans leur duo » de cul terreux. AussitĂŽt, des barricades sâĂ©rigĂšrent et sa mine resta rĂ©solument neutre, tandis quâils commençaient Ă essayer de la jauger. Leur petit jeu Ă©tait lisible assez facilement. Elle lui posait les questions sans attendre spĂ©cialement de rĂ©ponse, et lâautre rĂ©pondait sans attendre quâelle ne rĂ©agisse. De toute façon, elle ne comptait pas lui rĂ©pondre, prĂ©fĂ©rant rester mutique et attendre que ça passe. CâĂ©tait une forme de bizutage. Rien de plus. Il a fallu quâun des types prĂ©sent la voit chez le colonel, et avec ses galons en plus. A croire que câĂ©tait une tare dâĂȘtre officier dans leur monde. CâĂ©tait dĂ©plaisant. Il y avait des relents dâune lutte des classes affichĂ©es, chose qui ne devait pas ĂȘtre dans lâarmĂ©e. Quâest-ce quâelle avait envie de lui rentrer dedans. Cette brebis ne serait rien sans un officier qui la magnifiait en lui bottant le cul. Mais madame se pensait supĂ©rieure⊠En fait non, elle faisait clairement un complexe dâinfĂ©rioritĂ© entre les techos militaires et les soldats des sections de combats, sans parler des soldats du rang versus les gradĂ©s. Pourtant, les sections dâappuis Ă©taient fondamentales Ă une armĂ©e pour assurer un front logistique et technique qui faisait Ă lui seul la diffĂ©rence entre deux armĂ©es et qui permettait de remporter une guerre. Et puis⊠mĂȘme si elle Ă©tait une sardine de lâĂ©lite militaire » qui avait traĂźnĂ© dans la boue », elle venait dâune section dâappui elle aussi, et elle avait connu le regard des vrais », les fameux quâon envoyait avec un couteau suisse renverser Cuba, qui avaient une nette tendance Ă rabaisser tous les autres. Sauf que sans la logistique, ils ne mangeraient pas, sans parler de l'hygiĂšne et de tout le reste. En plus de ça, elle essuyait rĂ©guliĂšrement des commentaires dĂ©sobligeants sur sa fonction Ă instruire des arabes qui demain seraient les ennemis des Ătats-Unis. Lâislamophobie Ă©tait une gangrĂšne et elle en faisait les frais. Pourtant il suffisait de partager le quotidien de ces gens pour s'apercevoir qu'ils nâaspiraient qu'Ă la paix et Ă rentrer chez eux vivant le soir pour retrouver leur s'Ă©tait sentie dĂ©munie au milieu de cette culture Ă©trangĂšre qui avait du mal, comme en Occident il fut un temps, Ă faire une place aux femmes dans leur sociĂ©tĂ©. Son grade ne suffisait pas Ă asseoir son autoritĂ© et elle avait dĂ» faire preuve de charisme pour parvenir Ă se faire respecter. Ce serait la mĂȘme chose ici vue qu'elle n'Ă©tait qu'une premiĂšre classe. Donc quâelle aille se faire foutre cette connasse en pensant la juger sans la connaĂźtre ; en la mettant dans un panier dont elle ignorait mĂȘme la contenance. La mĂ©fiance n'Ă©tait pas une raison, de mĂȘme que l'adversitĂ©, pour ĂȘtre insultante gratuitement, surtout Ă ce degrĂ© de violence verbale. Si elle nâavait pas compris cela, elle n'avait rien Ă foutre dans l'armĂ©e, et son broute minou Ă©galement. Pedge Ă©tait calme. Elle la regardait, sans animositĂ©, avec une certaine forme de quiĂ©tude sur les traits, qui provenait surtout de ses yeux aux paupiĂšres lourdes. Certes elle avait entrouvert sa bouche pour respirer amplement par le nez et expirer par ses lĂšvres, cela lui permettant de se rĂ©guler et de ne pas cĂ©der Ă une pulsion regrettable. Elle avait les bras le long du corps, et elle ne semblait pas le moins du monde craintive de l'intrusion dans son espace personnel. NĂ©anmoins, Ă lâintĂ©rieur, mĂȘme si elle avait le sentiment que cette colĂšre nâĂ©tait pas uniquement dirigĂ©e sur elle, elle encaissait. Cette pimbĂȘche pensait sĂ»rement quâelle avait tout vu tout vĂ©cu, et câĂ©tait tant mieux pour elle, mais elle Ă©tait loin du compte Ă son sujet. Elle crut comprendre quâils avaient perdu quelquâun dans lâaffrontement avec les croiseurs Wraith, et cela nâarrangea pas le sentiment de culpabilitĂ© dĂ©vorante qui tiraillait les entrailles de la texane. Mais si cette femme nâavait connu que la mort dâun proche dans sa carriĂšre militaire, alors elle pouvait aller se rhabiller. Une envie de lui mettre un coup de boule Ă©mergea dans son esprit, ou mĂȘme de lui cracher Ă la gueule, mais elle se fit violence pour ne pas passer Ă lâaction. Elle avait une envie impĂ©riale de lâĂ©craser comme un moucheron, de lui montrer quâelle Ă©tait insignifiante et dĂ©testable, et quâelle pouvait lui faire fermer sa grande gueule en deux secondes. A elle, et Ă son copain soumis. Le sous-entendu sur les passes droits quâelle aurait obtenu en faisant une gĂąterie au Colonel lui passa au-dessus. CâĂ©tait regrettable que ça vienne dâune femme, mais ce nâĂ©tait pas la premiĂšre fois quâon la lui faisait celle-lĂ . Pedge nâavait pas bougĂ© dâun pouce quand elle sâĂ©tendit comme un serpent devant elle. Non, elle la toisa sans rien dire, la respiration calme et posĂ©e, maitrisĂ©e, toujours dans une position relĂąchĂ©e, les mains le long du corps. Elle Ă©tait prĂȘte Ă se dĂ©fendre nĂ©anmoins. Cela dit, ce nâĂ©tait pas une greluche qui allait lui faire pĂ©ter un cĂąble. Et puis, elle sâĂ©tait promise dâĂȘtre humble. Elle entrait par la petite porte, et faire pĂ©nitence dans un environnement pareil serait salvateur⊠Peut-ĂȘtre. Quâest-ce quâelle penserait dâailleurs, la blondasse, si elle savait quâelle avait vendu les informations qui avaient permis aux Wraiths dâattaquer leur vaisseau, et qui avait tuĂ© lâun dĂšs leur ? Lâespace dâun instant elle se demanda si elle ne devait pas avouer qu'elle Ă©tait Ă l'origine de la fuite. Ce serait risquĂ© vu lâanimositĂ© ambiante. Et puis elle Ă©tait dĂ©jĂ jugĂ©e sur sa simple apparence, ce serait suffisant pour aujourd' des hommes essaya de prendre la dĂ©fense de lâamĂ©ricaine, tant bien que mal, mĂȘme sâil essayait simplement de tempĂ©rer les ardeurs du binĂŽme. Bon voilĂ , elle avait officiellement son nouveau surnom. Boulet ». Ce nâĂ©tait pas mal. Elle sâen accommoderait. Elle avait eu dĂ©jĂ pire. Suppot dâAllah » ; Le glaçon » ; LĂšche Cul » ; Miss balai dans le cul », bref celui lĂ avait le mĂ©rite d'ĂȘtre poli. Quoiqu'il en soit, quiconque lâappelerait comme ça se verrait gratifier d'une ignorance totale et royale de la texane. Elle ne comprenait pas qu'on traite de la sorte quelqu'un qui venait filer un coup de main. Cela la dĂ©passait clairement. Le geste physique du type passa, par contre, trĂšs mal. Pedge crispa la mĂąchoire pour ne pas lâattraper par lâarriĂšre de la nuque et lui propulser la tĂȘte contre un lit afin de lui pĂ©ter les dents. Au lieu de ça, elle soupira en effaçant lâinsulte et lâagression du plat de la main, en lissant son uniforme, comme pour le dĂ©barrasser de la saletĂ© de ce type. Toute façon, les petits roquets Ă sa mĂ©mĂšre comme ce genre dâindividu ne savait pas sâexprimer autrement que par la violence. Il avait grillĂ© sa cartouche d'entrĂ©e de jeu. La prochaine fois, elle ne laisserait pas passer. Allen », finit-elle par rĂ©pondre au dĂ©nommĂ© Lip, alors que son regard finissait de lĂącher les deux abrutis et que ce dernier se prĂ©sentait Ă elle. EnchantĂ©e. » Elle embrassa la salle du regard. A part lui, personne nâavait vraiment bougĂ©. Une myriade de phrase cynique lui vinrent en tĂȘte, comme on mâavait dit quâelle mordait mais c'Ă©tait plutĂŽt une caresse » ou encore la blondasse a fini de rouler des muscles, elle peut pisser sur mon lit aussi si elle veut, pour marquer son territoire », et d'autres joyeusetĂ©s de ce genre mais ce serait purement de la provocation gratuite et ça remettrait de lâhuile sur le feu. Je crois que mon sergent instructeur serait jaloux d'un pareil accueil. », finit elle quand mĂȘme par dire sans baisser la voix. Tout le monde pouvait entendre et elle nâen avait rien Ă foutre. Elle Ă©tait aigrie et elle n'arrivait pas Ă le contenir. Tu peux me montrer ma couchette s'il te plaĂźt ? Je vais me poser un moment. ». Equipe soirSur le moment, Lip ne releva pas la remarque. Il nâavait probablement pas lâintention dâabonder dans le sens de Pedge mĂȘme si, il le reconnaissait intĂ©rieurement, cette façon dâaccueillir une nouvelle nâĂ©tait absolument pas rĂ©glo. Lâhomme aurait pu alors sâinvestir de la mission de lui assurer un tout autre jugement sur le reste de lâĂ©quipe en faisant toute la prĂ©sentation. Mais Ă vrai dire, le spectre du dĂ©funt de lâunitĂ© planait encore chez tout le monde. Il lâinvita dâun geste simple Ă le suivre jusquâau centre de la salle, au niveau des tables, oĂč se trouvait le compagnon de jeux. Il comptait un certain nombre de cigarettes qui se trouvaient face Ă lui et les rangeaient dans un vieux paquet usagĂ©. Lorsque Pedge demanda oĂč se trouvait sa couchette, le silence retomba lâespace dâune seconde, comme si elle avait lĂąchĂ© une bombe avant que tous ne se rappelle immĂ©diatement quâelle ne pouvait pas savoir...et que câĂ©tait Ă©galement la seule de dĂ©sarma gentiment en lui souriant. Pas tout de suite, Allen. Autant que je te prĂ©sente les autres, que tu te fasses ton idĂ©e quâaprĂšs avoir rencontrĂ© tout le monde... »LĂ , il venait de rĂ©pondre aux deux pointa le compagnon de jeu du doigt avant de reprendre. Donc Donald Malarkins, câest un peu le joueur invĂ©tĂ©rĂ© de la bande. Sympa au quotidien mais impitoyable quand il sâagit de te plumer aux cartes. Les jeux dâargents sont interdits Ă bord, sauf au pont douze...et encore tu ne repars jamais avec tes gains. Donc on parie des clopes, ça reste bon-enfant. » Je suis quand mĂȘme riche Lip, tu y as laissĂ© toutes les tiennes ! » FĂźt Donald en rigolant. Sans annoncer le geste, il balança le paquet de cigarettes reconstituĂ© dans les mains de son camarade. Il fixa ensuite Pedge. Toi, on se revoit vite sur ma table de jeu...jâai hĂąte de savoir ce que tu vaut ! »Lipton laissa un fin sourire Ă©tirer son visage. Il rangea les cigarettes dans la poche intĂ©rieure de sa combinaison orange fluo puis pointa ensuite son doigt en direction du joueur de golf. EugĂšne Rhoes, le mec avec le club de golf. Il en a pas lâair comme ça mais câest un sacrĂ© forgeron. Il a conçu avec quelques gars cette petite piste et la boĂźte aux lettres. Il a tellement de cales sur les doigts quâil est le seul Ă pouvoir se vanter de prendre les grilles du barbeuc Ă pleines mains. »Lâhomme en question leva son club de fortune avec un fin sourire, un simple signe de bienvenue qui ne voulait pas dire plus que ça. Il se contenta simplement dâobserver Pedge de loin sans rien dire. Il se retourna finalement, quelques secondes plus tard, pour reprendre sa bifurqua vers les deux jeunes femmes qui terminaient de poser les couverts. Il y avait onze places sur deux tables quâelles venaient de rapprocher entre elles. Les deux brunes se tenaient un peu comme des soeurs insĂ©parables. En les voyant, on sentait clairement quâelles passaient le plus clair de leur temps Ă dĂ©conner ensemble. CâĂ©tait une camaraderie trĂšs avancĂ©e qui devait dater dâun bon nombre dâannĂ©es maintenant. Lâune dâelle, presque hilare, repoussa Lipton de ses deux mains comme pour le chasser du giron de Pedge. Sans dec, Lip, tu prĂ©sentes comme un pied, câest horrible !!! »Lâhomme rigola. Tu sauras faire mieux alors ? » Jâen suis sĂ»re. Tu parles comme un bouquin, elle va crever dâennui avant de toucher une clĂ© la fille ! Laisse-moi faire. »Carwood souriait. Il fĂźt un clin dâoeil sans se vexer de cette petite pique et salua silencieusement Pedge avant de sâen retourner Ă sa partie de carte. La petite brune qui lâavait accueilli lâapprocha et lâinvita Ă sâinstaller Ă la table. Quâelle soit au centre du duo. Je suis contente. Une nouvelle femme dans lâĂ©quipe câest de lâoestrogĂšne en plus dans ce monde de primate, jây croyais plus ! Je mâappelle Katleen. Et elle, en face, câest Matty, ma meilleure amie. »Elle lui tendit la main pour la serrer. Sa âjumelleâ fĂźt pareil avant de complĂ©ter Ouais, Marta sâest chargĂ©e de faire le surplus de gĂšnes de CroMagnon dans lâĂ©quipe. Câest la viking qui tâa accueilli tout Ă lâheure ! Elle est plus sympa quâelle en a lâair. Et le soumis qui fait sa couture sâappelle Franck. Dâailleurs !!! » Elle capta son attention en Ă©levant la voix. De loin, Marta fusillait Pedge du regard en voyant son intĂ©gration se faire. Franck leva le nez de sa couture pour fixer Matty. Tu fais aussi dans la lingerie fine Franck ? Jâai des dessous qui mĂ©riterait bien dâĂȘtre raccommodĂ©. Vu que tu as lâair plus douĂ© de tes doigts pour faire ça ! »Lâhomme rĂ©pondit dâun magnifique doigt dâhonneur levĂ© en lâair. Puis il secoua nĂ©gativement la tĂȘte en rigolant. Bon. Autant te le dire tout de suite, ta couchette câest celle du collĂšgue quâon a perdu. Alors Ă©vite de poser trop de questions sur lui. On a vidĂ© ses tiroirs pour te faire un peu de place, ton casier câest celui qui porte le nom de âMACâ. »Le sourire de Matty sâĂ©tait dĂ©fait. Elle parut beaucoup plus sĂ©rieuse. En fait, ne pose simplement pas de questions, surtout Ă Marta. Je pense que le reste devrait rouler pour toi. » Oh, Matty, ferme ta foutue gamelle... » FĂźt Marta dans une voix particuliĂšrement agressive. Bref. » Reprit-elle en ignorant la viking. Tu sais pas trop dans quoi tu as mis les pieds alors on tâa prĂ©parĂ© un petit cadeau de bienvenue. »Katleen dĂ©posa sur la table, devant Pedge, un sac de transport rĂ©glementaire de lâarmĂ©e. Il Ă©tait plus petit quâun sac Ă dos classique et contenait, ficelĂ© avec du ruban de fortune comme pour signaler le cadeau, plusieurs effets Ă son attention. Tiens. Câest de la part de toute lâĂ©quipe. MĂȘme de ta âmeilleure amieâ et elle nâa pas crachĂ© dedans ! Enfin, pas encore... »Les deux femmes la regardĂšrent, confiantes. Vas-y, ouvre. »Il y avait une bonne demi-douzaine de dĂ©odorant en gel, deux bouteilles de diluant, un vernis rĂ©parateur pour les ongles, une crĂšme contre les irritations cutanĂ©es, un gel douche qui semblait avoir Ă©tĂ© confectionnĂ© sur le DĂ©dale. Une inscription faite au feutre indiquait âNapalm-toutâ. Il y avait aussi une cartouche de cigarette et des couches pour incontinents. Le kit de dĂ©marrage du technicien novice ! » FĂźt Katleen avec humour. Tout ça te sera utile. Ce nâest pas une connerie et ça tâĂ©vitera les mauvaises surprises. Alors garde-les Ă portĂ©e de main. Dâaccord ? » Saucisses ou entrecĂŽtes ? » FĂźt une voix inconnue, en les coupant dans leur Calamy, le plus imposant et le plus solide de tout le groupe, sâĂ©tait approchĂ© en portant un tablier beaucoup trop petit pour lui. Il tenait une spatule dans la main et mĂąchouillait nerveusement son cigare du coin de la bouche alors quâil considĂ©rait Pedge. Les deux filles rigolĂšrent de son entrĂ©e catastrophique, ce qui accentua la nervositĂ© du dernier qui ne lui avait pas encore Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©. Il nâavait pas lâair dâavoir peur de Pedge. Mais il semblait vĂ©ritablement mal Ă lâaise en parlant Ă une femme. Attaquer ce groupe de trois pour poser la question avait dĂ» lui demander un effort considĂ©rable et rien que ces rires, pourtant bon-enfant, le gĂȘnait beaucoup. Il Ă©tait dĂ©jĂ sur le point de faire grande habituĂ©e quâĂ©tait Matty, elle l'agrippa par la manche au moment mĂȘme oĂč il initia le mouvement et le retint dâune pression lĂ©gĂšre. CâĂ©tait comme si elle en avait toujours eu lâhabitude de ses rĂ©actions, au point quâelle avait parfaitement anticipĂ© le mouvement dans un automatisme stupĂ©fiant. La jeune femme nâavait mĂȘme pas eu besoin de regarder oĂč elle mettait la main pour le garder auprĂšs dâelle. Et elle ramena ce gros nounours Ă elle en lui souriant, comme pour le sâimmobilisa et la fixa. Ses doigts jouĂšrent machinalement sur la spatule en trahissant un stress important. Peter, la nouvelle sâappelle Allen. Elle se joint Ă nous pour deux semaines, tu es au courant non ? »Il grommela en signe de rĂ©ponse positive. Super...dans ce cas merguez pour moi. EntrecĂŽte pour Kate. » Son regard se tourna vers Pedge. Peter fĂźt de mĂȘme en machouillant davantage son cigare. Son expression tĂ©moignait dâune certaine mĂ©fiance et il ne lĂąchait pas un seul mot. Et toi Allen ? Quâest-ce que tu prends ? » Le blanc qui suivit sa question sur la couchette finit de faire comprendre Ă Pedge quâils nâĂ©taient pas spĂ©cialement en colĂšre contre elle, mais plutĂŽt sur le fait quâelle remplaçait, peut-ĂȘtre un peu trop rapidement, la personne qui Ă©tait morte rĂ©cemment. Manifestement, cette personne comptait beaucoup dans lâĂ©quipe sinon le malaise ne serait pas aussi perceptible. Le pire dans tout cela Ă©tait quâelle ne pouvait pas lĂ©gitimement se dire que ce nâĂ©tait pas de sa faute. Nâimporte qui se serait dit ça, nâimporte qui sauf Pedge, puisquâelle savait quâelle Ă©tait Ă lâorigine des informations qui avaient fuitĂ©. Elle Ă©tait donc indirectement responsable. Est-ce que le vieux singe avait fait exprĂšs de la coller dans cette unitĂ© ? SpĂ©cialement celle-lĂ ? CâĂ©tait risquĂ© au demeurant. Elle pouvait fort bien dire quâelle Ă©tait une traĂźtre et lâimmersion en terre inconnue tournerait vite au pugilat. Peut-ĂȘtre quâil testait aussi sa capacitĂ© Ă ĂȘtre franche, et Ă assumer ses actes comme elle le faisait en dĂ©missionnant⊠Elle nâen savait rien et elle ne comprenait pas bien la dĂ©marche. Pourquoi est-ce quâil lâinvitait Ă reconsidĂ©rer sa demande de quitter lâarmĂ©e aprĂšs deux semaines, sâil la collait prĂ©cisĂ©ment dans un endroit oĂč elle pouvait prendre en pleine face les consĂ©quences de ses actes ? Parce que oui, elle nâavait aucun doute quant au fait quâelle allait pouvoir sâintĂ©grer dans ce groupe, ce nâĂ©tait quâune question de temps, mais elle allait le faire de façon sournoise, sans leur dire la vĂ©ritĂ©, et franchement, cela ne lui ressemblait pas. Elle avait envie de faire pĂ©nitence et de se faire juger par ses paires, câĂ©tait prĂ©cisĂ©ment ce quâelle avait demandĂ© Ă Caldwell. Alors ? Est-ce pour cela qui lâavait mise ici ? Quâelle avoue Ă ses paires et quâils fassent justice comme il se doit ? Probablement. Le colonel escomptait surement quâils lui pardonnent et ainsi, quâelle soit soulagĂ©e de ce poids et quâelle ne revienne sur sa dĂ©mission. Et si tel nâĂ©tait pas le cas ? Ben, ce serait une question de deux semaines avant de prendre le large. Elle allait donc devoir leur dire, maintenant quâelle semblait avoir comprise la dĂ©marche du Colonel du DĂ©dale. Pour lâheure, câĂ©tait le moment des prĂ©sentations. Elle allait pouvoir se faire une idĂ©e de ses futurs compagnons de bords pour les quatorze jours suivants. Franchement, elle nâavait pas du tout envie de les connaĂźtre, surtout que pas un seul dâentre eux Ă part Lip ne sâĂ©tait manifestĂ© pour empĂȘcher la blonde et son sbire de lui tomber sur le coin du rĂąble alors quâelle nâavait strictement rien demandĂ©. Elle aurait Ă©tĂ© tĂ©moin de ce genre de comportement dans sa section quâelle aurait tout simplement bottĂ© le cul de sa collĂšgue. Mais bon, elle reverrait sĂ»rement son jugement en les connaissant, et, pour ne pas passer directement pour la coincĂ©e de service, chiante, bornĂ©e et casse-couilles, elle opina du chef. Elle se tourna vers le compagnon de jeu de carte de Lip. CâĂ©tait donc le monsieur carte de la petite bande. Il y en avait toujours un. Elle nota son nom mentalement en y associant son visage. Elle Ă©tait assez physionomiste et dâavoir gĂ©rĂ© des classes dâAfghans, elle savait que sa mĂ©moire des patronymes Ă©tait excellente. Pedge Ă©tait une quiche aux cartes, et la derniĂšre fois quâelle avait jouĂ© Ă un jeu comme-ça, câĂ©tait sur la planĂšte des cowboys. Cela avait mal fini. Mais bon, entre militaire de la mĂȘme base, câĂ©tait plutĂŽt bon enfant. Bien entendu, elle ne se dĂ©monta pas le moins du monde. Quand tu veux. », lui rĂ©pondit-elle du tac au tac en appuyant ses propos par son regard. Au moins, sâil rendait les cigarettes, il devait continuer de trouver des mecs Ă plumer proprement. Parce que bon, il fallait reconnaĂźtre que se faire ramoner Ă chaque partie de carte nâaidait pas Ă vouloir y retourner. Le regard de Pedge suivit lâindication de Lip, lâinvitant dâun geste Ă considĂ©rer une autre personne. Le golfeur. Elle rĂ©pondit dâun signe de tĂȘte au bienvenue du jeune homme. Il Ă©tait vrai quâil nâavait pas du tout lâair dâun forgeron, avec ses traits dĂ©licats et ses airs dâadulte sortit tout droit de lâadolescence. Il nâajouta rien de plus, et elle fit de mĂȘme, se tournant une fois quâil reprenait sa partie pour passer Ă un autre membre dâĂ©quipage. Elle vit Ă ce moment-lĂ la complicitĂ© qui rĂ©gissait les lieux et dont elle Ă©tait pour le moment exclue. Fallait dire que lâaccueil avait plutĂŽt jetĂ© un froid. Il venait de passer aux deux femmes de la bande si on mettait la blonde de cĂŽtĂ©, lesquelles sâoccupaient de mettre la table. Les voir ne faisait pas de doute quant au lien qui les unissait, certainement depuis longtemps. Lâune dâelle vira Lip en lui disant quâil prĂ©sentait les gens trĂšs mal, et cela amusa Pedge mĂȘme si elle resta de marbre. Elle ne sâennuyait pas des explications de Lip, mais ce dernier fut Ă©vincĂ© de la suite des joyeusetĂ©s, et il retourna lĂ©gitimement Ă son jeu de carte. Quant Ă elle, elle se retrouva au milieu du duo, lesquelles lui serrĂšrent la main amicalement en guise de bonjour. Elle se dĂ©tendait peu Ă peu. Sans sâen rendre compte, elle Ă©tait restĂ©e crispĂ©e sur un mode dĂ©fensif suite Ă lâagression verbale dont elle avait Ă©tĂ© victime en arrivant, et petit Ă petit, elle baissait sa garde, reconsidĂ©rant les membres dâĂ©quipage qui essayaient de faire bonne figure malgrĂ© tout. Les deux femmes Ă©taient donc meilleures amies, ce qui expliquait lâespĂšce dâharmonie quâil y avait entre elles. Les deux jeunes femmes se chargĂšrent de faire les prĂ©sentations du reste de lâĂ©quipe, et il ne restait que les deux connards. Marta et Franck. Pedge essayait de ne pas trop leur en vouloir, de considĂ©rer que peut-ĂȘtre, il y avait eu quelque chose de fort entre le dĂ©funt et ces deux-lĂ , mais ça nâexcusait pas tout, surtout que de base, ils ne savaient pas quâelle avait parlĂ© Ă la Wraith. Donc, ils sâen Ă©taient pris Ă elle gratuitement, et câĂ©tait surtout cela qui avait du mal Ă passer. Mais bon, les fortes tĂȘtes, elle connaissait, et elle allait gĂ©rer. Ce serait difficile de sâimposer comme leader naturel sans ses galons qui la plaçait au-dessus. Mais tout bon officier qui se respecte devait acquĂ©rir une autoritĂ© naturelle et lĂ©gitime auprĂšs de ses hommes, mĂȘme au-delĂ du simple grade. Elle ferait son trou. De toute façon, elle ne comptait prendre la place de personne. Dans deux semaines, elle Ă©tait partie, et Ă lâheure actuelle, elle nâĂ©tait quâune exĂ©cutante. Elle ne voulait pas de responsabilitĂ© particuliĂšre. Cela faisait du bien de se laisser guider. Quoiquâil en soit, Marta et Frank semblaient irascible envers les autres mĂȘme si câĂ©tait plutĂŽt bienveillant. Katleen mit les pieds dans le plat en lui disant ce quâelle savait dĂ©jĂ . CâĂ©tait la couchette du dĂ©funt. Logique. On nâallait pas lui faire un lit tout nouveau. Je ne pose pas de question. », rĂ©pondit-elle en guise dâassentiment. Pas mĂȘme qu'elle ne dirait quâelle Ă©tait dĂ©solĂ©e. C'Ă©tait de sa faute et elle l'Ă©tait, mais ce n'Ă©tait pas ce qu'il voulait entendre. Elle allait devoir s'en ouvrir, c'Ă©tait certain. Elle fut tirĂ©e de ses rĂ©flexions par un sac posĂ© devant elle. Un cadeau de la part de toute l'Ă©quipe. Ils savaient qu'elle venait, la preuve rĂ©sidait sur la table dans le nombre de couvert. Onze. Bon elle pouvait aussi se dire quâelle n'Ă©tait pas comptĂ©e puisquâactuellement ils n'Ă©taient que neuf et il manquait Tyrol. Donc dix. Il en manquait un, ou deux. AprĂšs, le sergent chef avait dĂ» prĂ©venir le reste de l'Ă©quipe quâils allaient avoir une nouvelle. Enfin bref, elle prĂ©fĂ©rait pas trop se projeter positivement vu lâaccueil. Mine de rien elle restait sur la dĂ©fensive. Avec prudence elle ouvrit le sac, pour y dĂ©couvrir toute une panoplie de dĂ©odorants, savons, vernis rĂ©parateur, crĂšme hydratante, et mĂȘme du produit composĂ© artisanalement, portant une mention assez explicite. Les couches interpellĂšrent la jeune femme. Qu'est ce que ça foutait là ça ? Pedge ne fumait pas mais elle prĂ©fĂ©ra garder la cartouche de cigarettes pour les futures parties de carte. C'Ă©tait comme obtenir un peu dâargent. On lui confirma que ce n'Ă©tait pas une blague. Soit, elle faisait confiance aux vĂ©tĂ©rans du domaine pour prĂ©juger ce qui Ă©tait bon ou pas. Et bien mâŠ. », allait elle dire quand on la coupa dans son Ă©lan par une question un peu sortie de nulle part. EntrecĂŽte ou saucisse. Elle se retourna vers la personne qui venait de causer pour se retrouver face Ă un type imposant qui mĂąchouillait un cigare Ă©teint. Pedge le toisa puisquâil Ă©tait en train de la considĂ©rer. Il ne semblait pas bien Ă lâaise, engoncĂ© dans son tablier trop petit pour lui. Elle eut rapidement la certitude quâil avait un problĂšme pour causer avec les femmes, mais pas parce quâil Ă©tait macho, mais plutĂŽt timide. Il fit demi-tour aussi sec sans avoir obtenu de rĂ©ponse, ce qui fit arquer un sourcil Ă la jeune femme. Heureusement, Matty le rattrapa, apparemment habituĂ©e aux frasques de monsieur. Elle lâorienta gentiment vers les deux autres, afin quâil finalise sa demande. Il Ă©tait vraiment stressĂ©. CâĂ©tait le genre de petits dĂ©tails quâune prĂ©datrice comme Pedge enregistrait lâair de rien. Salut », fit-elle sans trop sâavancer, alors quâelle se faisait prĂ©senter. Autant le dĂ©rider tout de suite, mĂȘme si son problĂšme venait surtout de la gente fĂ©minine Ă premiĂšre vue. EntrecĂŽte, ça ira bien merci. ». Elle conservait son air neutre. NĂ©anmoins, la perspective de manger une piĂšce de viande grillĂ©e au barbecue avait de quoi faire saliver son appartenance texane. Cela devait faire une Ă©ternitĂ© quâelle nâavait pas mangĂ© de la sorte. Equipe soirPeter grommela. Une sorte de grondement positif et rustre qui lui permettait dâĂ©viter de parler davantage, ne pas montrer entiĂšrement sa timiditĂ©, et ainsi ârĂ©pondre sans rĂ©pondreâ. Il malmena son cigare entre ses dents tout en jetant un regard mĂȘlant un peu de curiositĂ© Ă la mĂ©fiance sur la nouvelle. Puis il se retourna pour repartir sur son barbecue. La viande Ă©tait en train de rissoler sur le grill, quelques saucisses aussi. Il nâavait pas demandĂ© la cuisson alors il fallait sâattendre Ă avoir du saignant. Lâodeur aurait pu mettre en appĂ©tit mais la ventilation modifiĂ©e en hĂŽte aspirante Ă©tait vĂ©ritablement efficace. La peluche de la section ! Il fait ours avec son air peu avenant et intimidĂ© mais câest un gars adorable. Et il a le coeur sur la main. » FĂźt Katleen avec une certaine tendresse qui lâavait entendu, se contenta de hausser nonchalamment les Ă©paules sans les regarder. Câest comme sâil sâen fichait complĂštement, quitte Ă sâen montrer insensible, alors que câĂ©tait en rĂ©alitĂ© lâinverse. Il apprĂ©ciait ces jeunes femmes qui avait saisi son problĂšme et le respectait sans moquerie. CâĂ©tait un peu comme des petites soeurs sur lesquelles il veillait le plus souvent. Et aussi Ă©tonnant que ça puisse paraĂźtre Marta faisait Ă©galement partie du chef Tyrol apparut soudainement par lâouverture du sas en portant trois gros saladiers recouverts dâune feuille d'aluminium. Lâun dâeux dĂ©gageait des filets de fumĂ©e dans le faux jours et le plastique transparent sâĂ©tait teintĂ© dâune buĂ©e. Fini de jouer les gars, jâai rapportĂ© la graille ! »Lipton et Marta sâĂ©tait tout de suite approchĂ© pour lâaider Ă porter les saladiers. Donald quitta sa couchette et sa game boy pour sortir de son casier une Ă©norme poche de chips tandis que le forgeron, EugĂšne, sortait les biĂšres. Le sergent-chef Ă©changea quelques mots avec ses hommes avant que son regard ne se porte sur Pedge. HĂ©, Allen, câest ça ? » Questionna-t-il de loin. Suis-moi, on va aller chercher ta dotation avant que ça ferme. »Les deux filles lui firent une tape avec une synchronisation complĂštement involontaire, une sur chaque Ă©paule. Katleen prit son sac dâoffrande et son propre barda tandis que que Matty sâexprimait Vas-y, fonce. On fait pas attendre le âbotteur de culsâ ! » FĂźt-elle en accompagnant lâexclamation dâun clin dâoeil. On te laissera tes affaires sur ta couchette Go ! »La jeune femme opina du chef Ă lâattention de Tyrol quand ce dernier revint avec de la nourriture supplĂ©mentaire et quâil lâinterpella. Quelque part, Pedge ne comprenait pas pourquoi ils nâallaient tout simplement pas au Mess rĂ©guliĂšrement, et quâils faisaient ce genre de repas plus sporadiquement, plus exceptionnellement. AprĂšs tout, ils devaient ĂȘtre dĂ©bordĂ©s par le temps, et les minutes quâils passaient Ă rassembler les victuailles nâĂ©taient pas gagnĂ©es ailleurs. Enfin quâimporte, ils fonctionnaient bien comme ils le voulaient, elle nâĂ©tait personne pour remettre en cause des habitudes⊠Et peut-ĂȘtre quâils avaient fait ce repas simplement pour lui souhaiter la bienvenue. Une possibilitĂ© quâelle ne devait pas laisser de cĂŽtĂ©. Je ne comptais pas le faire attendre », rĂ©pliqua Pedge Ă lâattention des deux jeunes femmes. Elle inclina la tĂȘte Ă leur attention. Merci les filles », fit-elle dâune voix dĂ©tendue, mĂȘme si son faciĂšs nâexprimait rien de plus que dâhabitude. Elles sây feraient. Comme eux tous dâailleurs. Elle se permit un clin dâoeil en retour avant de se porter vers lâentrĂ©e du dortoir pour aller chercher sa dotation, comme le lui avait si bien dit le sergent-chef. Peter, câest prĂȘt dans combien de temps ? » Questionna indĂ©pendamment le sergent. Dix minutes, chef. »Gallen fixa Pedge sur son arrivĂ©e et hocha la tĂȘte. Il prit la direction de la sortie avec elle. Ok, ça nous laisse le temps de faire un tour. Bel accueil protocolaire hein ? Tu dĂ©barques Ă peine et je me sauve... » Il tourna dans le couloir en direction des douches communes, un peu plus loin se trouvait lâĂ©trange coopĂ©rative. Tu nâarrives pas au meilleur moment Pedge. Câest la course ! On est Ă flux tendu ici. »Il avait utilisĂ© son prĂ©nom de maniĂšre personnelle, il appelait tout le monde ainsi dans son unitĂ©, mĂȘme les nouveaux. Et il avait dĂ» obtenir cette information de la part de Caldwell, câĂ©tait certain quâils avaient dĂ» discuter ensemble avant son retour sur le DĂ©dale. Mais la proximitĂ© dont il faisait preuve, et qui Ă©chappait quelque peu au protocole militaire dans un endroit si strict, tĂ©moignait surtout du fait quâelle Ă©tait en prĂ©sence de la base de la pyramide. En quelque sorte, on pouvait dire que ces techniciens Ă©taient les enfants des gueules noires qui travaillaient le charbon dans les cales des navires dâantan. Le travail Ă©tait dur, physique et Ă©reintant. Ils Ă©taient tous dans la mĂȘme galĂšre et partageait le mĂȘme amour du mĂ©tier. Alors on ne sâencombrait pas du grade tant que le respect demeurait. Tes dĂ©buts ne seront pas une partie de plaisir avec nous. On vient tout juste de terminer les rĂ©parations dâurgences. Il y a encore une centaines dâopĂ©rations Ă effectuer et nous devons ĂȘtre dans les dĂ©lais pour retourner Ă lâancrage. Les gars dĂ©passent allĂšgrement les douze heures par jour, ça peut parfois monter jusquâĂ quinze. On est tous Ă bloc. »Donc les horaires par huitaine ne concernait que les services habituels. Le DĂ©dale avait tellement subi dans lâembuscade que ses techniciens enchainaient les longs cycles sans les compter. Ce nâĂ©tait pas une blague ! Et ils tenaient ce rythme impressionnant depuis un certain temps dĂ©jĂ . Et que dire de Tyrol puisquâil chapeautait les trois Ă©quipes Ă la fois pour ensuite faire son rapport au colonel. Sâen Ă©tait dĂ©mentiel. Et câest lĂ -dedans que Pedge avait mis les pieds. Sâil savait pour lâaccueil protocolaire⊠Est-ce quâil serait contrariĂ© ? Peut-ĂȘtre. Peut-ĂȘtre pas. Il mettrait ça sur le compte des chamailleries de dortoir, et il laisserait surement passer. Elle haussa des Ă©paules Les prioritĂ©s avant tout, je nâallais pas mâenvoler », rĂ©pliqua-t-elle dâun ton Ă©gal. Elle comprenait parfaitement que câĂ©tait la course, ne sâoffusquant pas de se faire appeler par son prĂ©nom. Elle nâĂ©tait pas le moins du monde effrayĂ©e par la montagne de travail qui attendait. Elle servait dans lâarmĂ©e depuis plus de quinze ans maintenant, et les journĂ©es de huits heures, elle ne connaissait pas. JâespĂšre que ma prĂ©sence sera plus utile que le contraire, afin de soulager un peu lâĂ©quipe. Pas Ă©vident de former une novice dans ces conditions. ». Au moins, elle gardait la tĂȘte froide, et elle avait conscience quâelle ne serait pas dans une posture des plus simples, tant sur le plan humain que sur le plan des compĂ©tences quâelle nâavait pas. NĂ©anmoins, le travail ne lui faisait pas peur, et cela, il sâen rendrait vite compte. Ils approchĂšrent du comptoir. Un homme un peu plus ĂągĂ© sây tenait, il Ă©tait vĂȘtu de sa tunique orange fluo, dĂ©montrant son appartenance Ă une autre Ă©quipe de technicien. Il Ă©tait couvert de saletĂ© et des grumeaux dâune matiĂšre Ă©trange Ă©taient encore collĂ©s Ă ses cheveux. Gallen poursuivi en chemin Je sais que tu es une sardine. Mais je ne peux pas rĂ©organiser mes gars pour convenir au respect de ton grade. Ca va ĂȘtre Ă toi de tâadapter Ă nos mĂ©thodes, Ă notre façon de vivre. Ca ne sera pas rose. Tu vas vivre des moments difficiles. Mais je pense que tu tây attends non ? » Il lui fĂźt un sourire entendu. Une certaine aura chaleureuse se dĂ©gageait de lui. Gallen Ă©tait quelquâun de particuliĂšrement humain qui gĂ©rait ses gars au mieux. Il ne savait pas tout de Pedge ou des raisons de sa prĂ©sence. Mais il prĂ©fĂ©rait mettre les choses au point pour Ă©viter les frictions. Il ignorait encore, Ă ce moment lĂ , lâaccueil un peu brutal dont elle avait Ă©tĂ© la cible. La rĂšgle est simple tu nâes pas venue aux portes ouvertes des techniciens. Je te veux motivĂ©e, volontaire et Ă bloc. Tu es lâune des nĂŽtres maintenant. Alors ne te laisse pas dire le contraire. Suis les habitudes des gars sans rechigner, accepte les moments de cohĂ©sion et surtout ne tâisoles pas du reste du groupe. Tu auras tes moments Ă toi, bien sĂ»r, mais je ne veux pas voir de division dans la section, câest enregistrĂ© ? » Effectivement, je mây attends, et je suis une premiĂšre classe pour lâheure, donc la sardine fera ce quâon lui dit. », rĂ©pliqua-t-elle sans ambages. Elle nâavait pas de problĂšme avec cela. Qui plus est, elle Ă©tait la premiĂšre Ă prĂŽner l'obĂ©issance Ă son supĂ©rieur, alors elle nâallait pas traĂźner des pieds parce quâelle Ă©tait censĂ©e ĂȘtre plus gradĂ©e. Il fit une mise au point parfaitement inutile pour la jeune femme, mais ce nâĂ©tait pas un mal de remettre les points sur les i » de temps en temps, surtout avec un nouvel Ă©lĂ©ment dans lâĂ©quipe. Au moins, la rĂšgle Ă©tait fixĂ©e dĂšs le dĂ©part et elle ne bougerait plus. Les termes Ă©taient clairs. Reçu », rĂ©pondit-elle en tout et pour tout. Pedge nâĂ©tait pas une fainĂ©ante, et elle nâavait pas besoin de le dire. Elle le prouverait amplement dans les prochains jours, et les actes valaient tous les beaux discours. Pour ce qui Ă©tait de la cohĂ©sion dâĂ©quipe⊠Elle ferait au mieux. Elle ne voulait pas se mettre quelquâun Ă dos, mais il fallait croire que sa simple prĂ©sence dans lâaffaire Ă©tait rejetĂ©e par au moins deux personnes. Mais bon, ça leur passerait surement, elle en Ă©tait convaincue. Ils apprendraient Ă la connaĂźtre. Le temps de se renifler le cul tous ensemble et on dira par la suite quâelle avait toujours Ă©tĂ© lĂ . Les voilĂ qui Ă©taient dĂ©sormais auprĂšs du technicien qui tenait la technicien qui tenait la coopĂ©rative salua chaleureusement le chef. HĂ© ! Salut patron ! Tu mâamĂšnes enfin de la chair fraĂźche ? » Il eut un rire un peu lourdingue. Mais Ă voir son Ă©tat, et la dure journĂ©e quâil avait dĂ» avoir, on pouvait comprendre quâil se contentait dâun minimum en terme dâhumour. Pedge Allen. Elle va nous aider pendant deux semaines. Tu as sa dotation ? » Ah, ouais ! Elle est arrivĂ©e il y a une heure. »Le technicien se pencha puis souleva un ballot rĂ©glementaire de lâarmĂ©e quâil posa sur le comptoir. Il y avait plusieurs tenues fluorescente ainsi quâune bandouliĂšre dâoutils dont elle ne comprendrait pas lâutilitĂ©. VoilĂ . Tu as tout ce quâil te faut lĂ -dedans. Jâai reçu une allocation de points de ressources pour toi. » Lâhomme lui donna une carte magnĂ©tique puis tendit la main en direction de lâarriĂšre boutique oĂč se trouvait plusieurs Ă©talages. Il y avait une petite partie Ă©picerie avec des articles provenants de la Terre. Des objets plus rares venant de la culture Athosienne. Des produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, quelques livres et magazines. Enfin, tout ce quâil fallait pour amĂ©liorer un petit peu plus la vie difficile des techniciens. Elle acquiesça, nâajoutant rien voyant quâil nâavait pas fini. Elle espĂ©rait quâil lui expliquerait en quoi consistait les points, parce quâelle ne voyait pas bien de quoi il sâagissait. Au pire, ce serait un sujet de discussion avec les membres de lâĂ©quipe. Le gĂ©rant bĂ©nĂ©vole poursuivit son explication, il pointa une petite tablette au passage qui faisait office de catalogue. Il parla avec fiertĂ© Donc, quand tu passes ton temps Ă bucher et que tu veux pas passer par les voies classiques. Si tu veux pas tâemmerder Ă patienter chez lâintendant principal ou si tu veux du rhab, un truc qui sort de lâordinaire, passe faire tes courses ici midinette. Moi, je suis le type qui te dĂ©gote tout ce que tu veux...enfin soit raisonnable, me sort pas âjâveux le pistolet de ronon, lolilol, lol et re-lolâ. Nan, ça, ça marche pas... » Je pense quâelle a saisi, Brad. »Pedge le regardait fixement. Il pensait sĂ©rieusement quâelle parlait comme ça ? Pourtant, quand on la considĂ©rait deux minutes, il semblait Ă©vident quâelle nâallait pas sortir ce genre dĂ©bilitĂ©s sans nom. Ok ok, chef, je finis. Tâas deux cents cinquante points sur ta carte. Si on est pas lĂ , tu fais tes courses toute seule comme une grande. On connait pas les voleurs dans le coin, alors tây mets pas ! Mais fait les durer, tes points, ça peut partir vite. Tu verras que quand tu passes ton temps Ă cavaler, cet endroit, câest comme ton antre dâali-baba personnel. HĂ©site pas si tu as des questions, il y a aussi Derek qui la tient quelques heures le matin. Et Ellie en journĂ©e. Ils sont tous trĂšs sympas tu verras. » Tu as ce que je tâai demandĂ© ? » Mais bien sĂ»r, patron. Pour qui tu me prends ? Câest dans le sac de la jeune. »Gallen acquiesça. Parfait. Je lui montrerai tout Ă lâheure. »Il pressa le bras de Pedge pour la guider vers les douches communes qui se trouvaient non loin. Dâailleurs un technicien venait dâen sortir en ayant le draps enroulĂ© autour de son bassin. Il passa devant eux, torse nu, sans se sentir gĂȘnĂ© et apparemment trĂšs soulagĂ© de sâĂȘtre dĂ©crassĂ©. Le cĂŽtĂ© femme se trouve sur la droite. Il y a un coin pour se changer. DĂ©barrasse-toi de ta tenue rĂ©glementaire et enfile le reste. La combinaison se resserre automatiquement autour de tes membres et de ton corps en appliquant une pression assez particuliĂšre. Câest le systĂšme de protection alors ne sois pas surprise, câest normal. » Heureusement pour elle, il lui expliqua ce quâil entendait par nombre de points sur sa carte. CâĂ©tait sympa, et plutĂŽt utile, et cela permettait de faire sauter le circuit habituel, qui Ă©tait, il fallait le reconnaĂźtre, assez long. Dâaccord, je nâhĂ©site pas. », finit par dire Pedge quand il eut terminĂ©. Non, elle nâhĂ©siterait pas Ă passer se ravitailler. Finalement, les cadeaux de lâĂ©quipe prenaient tout leur sens, puisquâils avaient utilisĂ© des crĂ©dits personnels pour lui acquĂ©rir les diffĂ©rents produits indispensables Ă tout technicien. Elle Ă©tait curieuse de savoir ce dont il retournait. De quoi parlaient-ils ces deux lĂ ? Quâest-ce que Tyrol devait lui montrer ? Si Pedge nâĂ©tait pas trĂšs expressive, elle devait reconnaĂźtre quâelle Ă©tait assez curieuse de nature, et quâelle avait du mal Ă rĂ©sister Ă la tentation de savoir. Mais comme il confirma au taulier de la coopĂ©rative quâil allait lui montrer prochainement, elle fit preuve de patience, rĂ©cupĂ©rant son lot dâaffaire. BandouliĂšre avec divers outils, tenues bien voyantes, et tout le toutim. Il orienta la jeune femme vers les vestiaires, pour quâelle se change et arbore directement la tenue qui serait la sienne pendant les deux prochaines semaines. Changement dâuniforme, pour un changement dâunitĂ©, pour un changement de vie radical. Quelque part, elle avait hĂąte de lâessayer, histoire de voir Ă quoi elle allait ressembler. Elle fut tirĂ©e de ses pensĂ©es par un apollon torse nu qui sâextirpait de la porte des vestiaires pour repartir vers son dortoir, probablement. La jeune femme laissa trainer ses yeux sur les formes dessinĂ©es du buste du jeune homme. DiscrĂštement ou presque. Sur la droite, dâaccord », fit-elle en reprenant le fil de la conversation avec Gallen. Il la tutoyait, elle ne se priverait donc pas de le faire. Elle nâaimait pas trop ça avec ses supĂ©rieurs, mais cela semblait ĂȘtre la norme, et adopter la norme Ă©tait une condition sine qua non pour sâintĂ©grer dans un groupe. Ne tâinquiĂšte pas, jâai lâhabitude de porter du cuir », rĂ©pliqua-t-elle pour le rassurer quant Ă la pression de la combinaison. CâĂ©tait faux, câĂ©tait de lâhumour Ă la Pedge, dit sur un ton qui pouvait laisser penser le contraire. Elle entra dans le vestiaire des femmes, et elle se changea, dĂ©laissant, presque Ă regret, son uniforme rĂ©glementaire dâAtlantis pour enfiler celui des techniciens de bord du DĂ©dale. Il nâĂ©tait pas trop chiant Ă enfiler et comme le sergent chef lui avait dit, elle se resserra toute seule sur son corps quand elle fit grimper la fermeture Ă©claire sur sa poitrine, Ă©pousant ses formes Ă la perfection. CâĂ©tait enveloppant, et assez sympa en fait. Ce nâĂ©tait pas serrĂ© au point de couper la circulation sanguine, mais cela faisait comme une seconde peau. Elle aimait bien ce style de vĂȘtement, moulant agrĂ©ablement. Bon, le cĂŽtĂ© carotte nuclĂ©aire ne lui plaisait pas des masses, mais elle sây ferait rapidement. Cela deviendrait son uniforme. Elle fit vite, pour ne pas faire attendre le reste de lâĂ©quipe. Les dix minutes ne devaient pas ĂȘtre loin dâĂȘtre Ă©coulĂ©es, et elle ne voulait pas les faire patienter. Marta trouverait sĂ»rement un prĂ©texte pour rĂąler. Elle dĂ©fit son chignon strict pour se faire une queue de cheval, moins coincĂ© que ce quâelle portait en arrivant. Elle ressortie du vestiaire pour rejoindre Gallen. Je suis prĂȘte », dit-elle en approchant. Elle avait passĂ© la bandouliĂšre de la sacoche, sans trop sâintĂ©resser encore Ă son contenu. Il y avait diffĂ©rents appareils dĂ©jĂ accrochĂ© Ă la combinaison, dont un dosimĂštre servant Ă mesurer le dĂ©bit de dose que le porteur recevait en Ă©tant exposĂ© Ă une source de radiation. Etait-il passif ou actif, elle nâen savait fichtrement rien. MĂȘme les chaussures Ă©taient renforcĂ©es, ce qui Ă©tait logique. La semelle Ă©tait confortable, mais elle sentait que son pied allait devoir prendre sa place pour que la chaussure sâadapte Ă elle. Elle tenait son casque dâune main, et les gants Ă©taient pliĂ©s Ă lâintĂ©rieur de celui-ci. Les lunettes high tech Ă©taient posĂ©es sur son nez. Elle ne se faisait pas Ă lâĂ©cran HUD qui trĂŽnait dans les verres. CâĂ©tait⊠dĂ©routant. Il y avait une barre de chargement avec marquĂ© dessus protocole de pratique novice » et un titre persistant qui signifiait aucune objectif actuel. Elle ne savait pas si elle devait les garder sur le nez, alors dans le doute⊠MĂȘme si Ă la rĂ©flexion, elle sâĂ©tait dit que personne ne les portait quand elle Ă©tait passĂ©e voir sa nouvelle et chaleureuse Ă©quipe. Pedge technicienne de lâespace Ă©tait de sortie. Le dĂ©filĂ© de mode pouvait commencer. Lorsque le chef vit Pedge le rejoindre en tenue complĂšte, le casque sous le bras avec les gants dedans, les lunettes dâapprentissage sur le nez, il eut lâimpression de se voir Ă ses dĂ©buts, lorsque le DĂ©dale Ă©tait sorti de lâusine de montage. Lâhomme avait eu son expĂ©rience sur la base dâancrage du PromĂ©thĂ©e mais ce croiseur-lĂ , SON croiseur, lui avait donnĂ© un feu dâenfer une ivresse dâapprentissage et dâexercice sans le fait quâon sâĂ©conomise en gagnant en expĂ©rience, le sergent avait reçu des recrues pleines dâentrain, un peu foufou, le genre Ă se dire que les anciens ont perdu lâardeur et quâils les remplaceront sans peine. CâĂ©tait, quelque part, un peu touchant de voir chez les autres ce que lâon avait autrefois Gallen voyait arriver une Pedge qui sâĂ©tait visiblement transformĂ©e en ce quâil lui avait demandĂ© quelquâun de motivĂ©, volontaire et Ă bloc. Il ne pu sâempĂȘcher de rire en secouant la tĂȘte, dans un ton bien loin de toute moquerie, et qui tĂ©moignait surtout dâun attendrissement face Ă lâaspect novice de la militaire. Peut-ĂȘtre comprenait-elle Ă©galement, puisquâelle avait entraĂźnĂ© des troupes Ă©trangĂšres, en ayant vĂ©cu des expĂ©riences similaire de troupes inexpĂ©rimentĂ© prĂȘte Ă faire un massacre. Des gars qui savaient pas encore se servir dâun fusil et pourtant prĂȘt Ă tout visa le visage de Pedge de ses deux doigts, veillant Ă ce quâelle ne bouge pas, pour lui retirer les lunettes quâelle avait sur le nez. Ca, Pedge, ce nâest pas pour tout de suite. Ne me les abime pas surtout, câest un matĂ©riel dâexpĂ©rimentation créé par tes collĂšgues dâAtlantis. Câest le seul exemplaire. Alors ils me pendront par les... »Le chef nâeut pas le temps de terminer la fin de sa phrase. Lui qui Ă©tait face Ă Pedge en la pointant des lunettes alors refermĂ©es, dans un air parfaitement pĂ©dagogue, fĂ»t figĂ© dans le flash dâun appareil photo. Il tourna la tĂȘte pour voir Brad, derriĂšre son comptoir, qui remontait dĂ©jĂ la roulette de lâappareil jetable. Il se contenta de hausser les Ă©paules toute en sâĂ©criant Et bien quoi ?!? Faut bien quâelle se ramĂšne des souvenirs ! »Et il envoya lâappareil photo dans les bras de Pedge malgrĂ© le fait quâils soient encombrĂ©s par le casque. Elle avait intĂ©rĂȘt Ă avoir des rĂ©flexes. Câest mon petit cadeau perso, jeunette. Câest un nouvel univers que tu explores alors profite-en pour capturer les moments qui te plaisent. » Toujours trĂšs attentionnĂ© ce Brad. Allez, on va se dĂ©pĂȘcher. Les autres vont rĂąler de devoir nous attendre... » FĂźt Gallen en lui rendant les lunettes. Le rire de Tyrol accompagna le retour des vestiaires de Pedge. Celle-ci ne le prit pas pour de la moquerie, mais plutĂŽt comme de lâaffection bienveillante dâun mentor sur un novice, et sans trop savoir pourquoi, cela lâagaça un peu. Elle ne savait pas si câĂ©tait de la pitiĂ©, de la compassion, ou bien tout simplement de la gentillesse, toujours est-il quâelle dĂ©testait se sentir dans la peau dâune nĂ©ophyte. Et pourtant, câĂ©tait bien ce quâelle Ă©tait et elle allait devoir faire avec. Il voyait surement en elle quelquâun de motivĂ©e, qui en voulait, et qui avait les dents qui rayaient le parquet. En tant que formatrice, elle en avait vu des types gonflĂ©s Ă bloc, prĂȘt Ă tout casser, Ă en dĂ©coudre, et ce nâĂ©tait pas tout le temps les meilleurs mĂȘme si leur motivation, bien canalisĂ©e, se rĂ©vĂ©lait ĂȘtre un moteur de rĂ©ussite puissant. NĂ©anmoins, elle nâĂ©tait pas lĂ Ă vouloir tout rĂ©volutionner, non, elle restait dans son rĂŽle de nouvelle, prĂȘte Ă tout, mais sans le dire. Elle ferait ce quâon lui dirait de faire, en bonne subordonnĂ©e quâelle Ă©tait. Bref. Il lui retira les lunettes quâelle avait mise sur son nez, en prenant soin de montrer son geste avant toute chose, fait quâelle apprĂ©cia car elle Ă©tait typiquement capable de se reculer sa tĂȘte juste pour quâil ne la touche pas. Pour le coup, elle le laissa faire, continuant de se faire guider dans cet univers quâelle ne connaissait absolument pas. Il lui expliqua rapidement quâelle Ă©tait la nature des lunettes, sans avoir vraiment le temps de poursuivre quâils furent illuminĂ©s briĂšvement par le crĂ©pitement dâun flash dâappareil photo. Le type derriĂšre le comptoir en tenait un et manifestement, il Ă©tait content de lui. Elle rĂ©ceptionna lâappareil jetable Ă deux mains pour quâil ne tombe pas, le plaquant sur son torse dans la rĂ©ception. Il aurait gueulĂ© rĂ©flexe ! » en le jetant que câĂ©tait pareil. Heureusement, le casque quâelle tenait ne lâencombra pas pour la manĆuvre. Elle aurait dĂ©testĂ©, mais dâune force, montrer une maladresse dâentrĂ©e de jeu, mĂȘme si le lancer nâĂ©tait pas fairplay. Merci Brad », fit Pedge en le prenant en photo pour ponctuer son propos, avant dâemboiter le pas du chef Tyrol pour repartir vers le dortoir. Elle apprĂ©hendait un peu de voir les rĂ©actions des autres maintenant quâelle Ă©tait intĂ©grĂ©e, du moins par lâuniforme, dans le groupe. Groupe quâelle ne devait pas diviser. En chemin, elle en profita pour poser une ou deux questions Ă Gallen, histoire de ne pas rester sur sa faim. Et donc, ces lunettes servent Ă quoi exactement ? A me guider en tant que novice dans les tĂąches techniques ? ». Cela la stressait un peu Ă dire vrai. Elle nâavait aucune connaissance thĂ©orique sur le sujet, et elle nâaimait pas beaucoup ça. Câest ça... » RĂ©pondit Tyrol. Tes collĂšgues dâAtlantis ont acceptĂ© de rĂ©aliser ces lunettes qui intĂšgrent une intelligence artificielle. Celle-ci se comporte comme une surface dâanalyse qui cible et souligne tes objectifs. »Il poursuivit son chemin tout en continuant son explication. Ces lunettes sont encore en lâĂ©tat de test. Elles ont Ă©tĂ© conçues dans le cas oĂč les rĂ©parations devraient se faire par des membres dâĂ©quipages inexpĂ©rimentĂ©s. Elles ne remplaceront jamais notre expertise. Mais pour un dĂ©butant, câest un atout incontestable... » Je vais essayer de ne pas les casser alors », dit-elle, nâĂ©tant pas certaine dâĂȘtre Ă la hauteur de la tĂąche. Elle espĂ©rait quâelle ne ferait pas de connerie. Le pire serait de blesser un membre de lâĂ©quipe involontairement par son inexpĂ©rience⊠Elle se garda bien de sâen ouvrir Ă Tyrol, continuant sa marche silencieusement. Equipe soirIls retournĂšrent ensemble en direction du dortoir. Toute lâĂ©quipe sâĂ©tait mise Ă table et consommait une biĂšre en attendant le retour du binĂŽme. Ils riaient tout en discutant. Seul Peter restait Ă son barbecue, il avait rĂ©chauffĂ© les viandes et les disposaient sur un plateau. Matty fĂ»t la premiĂšre Ă voir revenir Pedge dans sa nouvelle tenue. Elle fĂźt un geste Ă son voisin de tablĂ©e, Harry, pour quâil lui passe la tĂ©lĂ©commande qui gĂ©rait le jukebox. Elle appuya sur plusieurs boutons, un air goguenard sur le visage, et les premiers pas de Pedge en direction de lâĂ©quipe fĂ»t accompagnĂ© par la musique de âBad to the Bone de ZZ topâ. Une vĂ©ritable terminator de la mĂ©canique qui se prĂ©sentait Ă Ă©quipiers sâesclaffĂšrent tous en levant leurs biĂšres dans sa direction. Matty et Katleen lui avait reservĂ© une place entre elles deux et, avant quâelle ne puisse sâinstaller, Gallen fĂźt baisser la musique pour faire une annonce. Bon, je sais que vous avez eu le temps de faire connaissance. Mais autant finir ça de maniĂšre officielle. Je vous prĂ©sente Pedge Allen, qui se porte volontaire pour nous aider durant deux semaines... »Les Ă©quipiers sâĂ©taient regardĂ©s avec une Ă©tincelle dans les yeux. Ils sâĂ©taient mis dâaccord dâun simple regard et entonnĂšrent en choeur, avec des voix dignes dâenfants de maternelle, dans un son dâaccueil gĂ©nĂ©ral BONJOUR PEDGEEEEEEEEEECâĂ©tait comme si une dizaine de gamins souhaitaient la bienvenue Ă leur professeur le jour de la rentrĂ©e. Tyrol rĂ©pondit par un rire gĂȘnĂ© tout en leur demandant de se calmer. Dans le lot, seule Marta avait gardĂ© le silence. Elle maintenait un regard noir et hostile Ă lâencontre de Pedge. Ne comprenant visiblement pas pourquoi elle Ă©tait si bien accueillie par le reste de lâĂ©quipe. Le fait que Franck avait participĂ© pour chambrer Tyrol lui avait Ă©galement dĂ©plu. Alors elle se contenta dâavaler une gorgĂ©e de sa biĂšre comme si elle faisait un signe de croix dans son dos. Le genre de signe qui dit âcours toujours, tu mâauras pas, moi.âLes deux filles invitĂšrent Pedge Ă sâinstaller. Peter lui dĂ©posa une entrecĂŽte bien chaude dans lâassiette et lui annonça, toujours dans sa façon un peu bourrue, quâil lui avait fait sa cuisson saignante. Câest que tâes sexy dans ta combi orange fluo ! Tu pourrais poser pour le calendrier du DĂ©dale ! » La taquina Katleen en lui passant une biĂšre. Elle lui fĂźt un clin dâoeil, comprenant trĂšs bien que ce nâĂ©tait pas son genre, dĂ©jĂ , et que câĂ©tait une belle connerie Ă ne pas complĂ©ta dans cet Ă©trange environnement dâamitiĂ© symbiotique Elle blague. Mais le pire, câest que ça existe vraiment. Il y en a un tous les ans. » Un dĂ©lire de lâĂ©quipage qui se vend sous le manteau avec les points de ressources. » Intervint Donald, le joueur de carte, en se servant dans lâun des saladiers. Il Ă©tait en face de Pedge et sâattaquait Ă une Ă©norme entrecĂŽte avec un amas de frites. Il lui tendit le saladier aprĂšs le refus de Kate. Les frites Ă©taient encore fumantes et dĂ©gageaient une odeur appĂ©tissante. Pas de visage, câest la rĂšgle. Pour lâanonymat et la discrĂ©tion. Mais les femmes y sont si rares...je pensais au moins tây voir Matty ! » Qui te dit que je nây Ă©tais pas lâannĂ©e derniĂšre ? Si ça se trouve, je prends mon pied Ă afficher mon sublime corps de rĂȘve sur un calendrier Ă la con pour faire baver la moitiĂ© des mĂąles en rut du vaisseau. Câest ton rĂȘve, hein mon grand ? »Ils sâesclaffĂšrent. Moi je vois bien Marta, avec son air de viking effarouchĂ©e, quelques clĂ©s Ă molette et du cambouis plein ses contours...hum...ce dĂ©lice... »La concernĂ©e lâignora royalement en finissant sa biĂšre. Le sourire de Kate se mua en une expression gĂ©nĂ©e. Je tâai connu plus drĂŽle... » Câest lâimposture qui me file la gerbe...Et puis merde, tiens. Jâai pas faim. » FĂźt Marta en repoussant son sous-entendu Ă©tait Ă peine voilĂ© mais lâambiance ne retomba mĂȘme pas. Il Ă©tait maintenant Ă©vident quâelle se comportait ainsi depuis un certain temps et ses collĂšgues ne rĂ©pliquĂšrent pas, la laissant dans son air boudeur alors quâils discutaient ensemble. Au moins, la rĂšgle dâinterdiction dâisolement de Gallen semblait ĂȘtre respectĂ©e par tous, y compris elle. Car elle ne quitta pas la table et se contenta dâobserver. A un moment donnĂ©, elle participa mĂȘme Ă la conversation, se radoucissant quelque peu, comme si elle Ă©tait venue elle-mĂȘme Ă la conclusion que sa rĂ©action Ă©tait un petit moment, le groupe dina dans la joie et la fraternitĂ© tout en composant des sous groupes. Certains allaient de leurs petites histoires de rĂ©parations, dâautres racontaient dâanciennes anecdotes. Lipton et Franck prĂ©voyaient dâaller faire un saut le lendemain sur le pont douze pour assister Ă un match trĂšs attendu. Marta et EugĂšne sâaccordaient sur le dessin dâun avion biplan Ă forger pour le cadeau dâanniversaire dâune amie sur politesse, Katleen et Matty nâavait pas envahie Pedge de questions, prĂ©fĂ©rant la laisser manger tranquillement. Mais Ă leurs visages, on voyait bien quâelles crevaient de curiositĂ© Ă son Ă©gard. Car aprĂšs tout, ce nâĂ©tait pas souvent quâon tombait sur quelquâun venu participer aux rĂ©parations durant la pĂ©riode la plus rude. Mais une question, surtout, les intĂ©ressaient davantage. Matty et Katleen ne se gĂ©nĂšrent pas en se dĂ©partageant mystĂ©rieusement Ă âpierre-feuille-ciseauâ. Kate perdit la partie et tira la tĂȘte en arriĂšre, maugrĂ©ant sa malchance, avant de tourner son visage vers Pedge. Bon. Câest Ă moi de te demander alors...ta bague, câest une alliance ou des fiançailles ? On est pas dâaccord Ă ce sujet et moi je soutiens que tu nâes pas mariĂ©e. Ca va venir ou je suis complĂštement nulle en dĂ©duction fĂ©minine ?!? » Comme toujours, et malgrĂ© la musique qui venait de changer pour accompagner son arrivĂ©e, Pedge resta impassible. Ce nâĂ©tait pas Ă©vident pour elle dâĂȘtre la derniĂšre arrivĂ©e, et elle dĂ©testait se taper lâaffiche. Mais bon, il fallait bien passer par diffĂ©rents rituels pour sâintĂ©grer complĂštement dans une unitĂ©, et elle accepta tout cela avec philosophie, mĂȘme si elle ne fit rien pour coller au rĂŽle de madame muscle quâon voulait lui donner. Tyrol officialisa sa prĂ©sentation en la prĂ©sentant Ă lâĂ©quipe. Lâambiance Ă©tait dĂ©jĂ plus chaleureuse quâĂ son arrivĂ©e, plus conviviale, et les choses passaient dans lâordre. Toute Ă lâheure, elle avait un peu Ă©tĂ© jetĂ©e dans la fosse aux lions avec un peignoir de soie et un peigne Ă cheveux comme seule arme. Elle inclina modestement la tĂȘte quand ils firent un bonjour » gĂ©nĂ©ral digne dâune section de maternelle. Cela lâamusa quelque peu. Elle Ă©tait capable de rĂ©pondre quelque chose comme bonjour les enfants », mais elle se retint, de peur que la chienne agressive de la meute ne montre les crocs en le prenant mal. Pourtant, ça nâaurait Ă©tĂ© quâune rĂ©ponse qui suivait le thĂšme de ce quâils lui donnaient comme accueil actuellement. Cette derniĂšre Ă©tait dâailleurs en train de la fusiller du regard, mais cela ne dĂ©stabilisa pas du tout la texane qui savait Ă quoi sâattendre dĂ©sormais. Son regard passa sur elle, comme sur tous les autres, sans vraiment sâarrĂȘter. Elle faisait partie du dĂ©cor de la piĂšce, de la vie commune de lâunitĂ©, et elle ferait avec. LâidĂ©e mĂȘme de prendre une photo maintenant lui passa au-dessus de la tĂȘte. Pourtant, cela aurait fait un souvenir sympa. Elle alla prendre place entre les deux meilleures amies, lesquelles lui avait laissĂ© un petit bout de banc pour se faufiler. LâentrecĂŽte saignante arriva Ă ce moment-lĂ , et elle mit lâeau Ă la bouche de la jeune femme. Une piĂšce de viande cuite au barbecue. Le pied total. Et le gars sây connaissait en cuisson. Elle aurait dĂ©testĂ© manger une semelle. LâidĂ©e mĂȘme du calendrier nâĂ©tait pas Ă©tonnante en soi. Il y avait toujours ce genre de chose qui circulait dans les armĂ©es. Enfin⊠Bien souvent, câĂ©tait des calendriers tout fait, style Pirelli », avec des bombes atomiques qui irradiaient le cul avec leur seins et leurs derriĂšres galbĂ©s et bien retouchĂ©s outrageusement. Pedge nâĂ©tait pas contre ce genre de pratique. Elle ne voyait pas de mal Ă admirer un corps bien fait, et si cela permettait Ă certain mec ou Ă certaine femme de se faire du bien en pensant Ă ces mannequins⊠Il nây avait pas mort dâhomme. Dâailleurs, vue la rĂ©action de Marta, Pedge en vint Ă se dire quâelle devrait se mettre les doigts dans la culotte de temps en temps pour faire moins mal baisĂ©e. Tout comme les autres, elle lâignora, prĂ©fĂ©rant ne pas rentrer dans son jeu. Elle cherchait simplement le conflit pour exploser, et elle nâavait pas envie dâĂȘtre le dĂ©clencheur, dĂ©jĂ quâelle Ă©tait le catalyseur de son humeur exĂ©crable. Bien malgrĂ© elle. Je ne prends que le mois de juillet ou d'aoĂ»t », finit-elle par ajouter dans la discussion sur le calendrier. Ces deux mois Ă©taient connus pour accueillir que les plus beaux clichĂ©s. Bien entendu, elle blaguait, entrant dans la conversation comme elle le pouvait. Jamais elle nâirait sâafficher sur ce genre de support, cela serait assez nĂ©faste pour sa carriĂšre, selon elle, et puis, elle nâĂ©tait pas exhibitionniste. Elle avait dĂ©jĂ suffisamment de dĂ©faut comme ça sur le plan sexuel pour en ajouter davantage. Les frites Ă©taient bonnes, la viande aussi, et il nây avait pas meilleure façon pour accueillir un texan chez soi. Pedge se rĂ©galait. Elle apprĂ©ciait aussi quâon ne lui posait pas trop de question. Elle prenait ses marques, sans trop parler, comme Ă son habitude. NĂ©anmoins, elle avait une oreille qui trainait et elle nâhĂ©sitait pas Ă rĂ©pondre ou participer si on la sollicitait, quand elle nâĂ©coutait pas les anecdotes et autres histoires intĂ©ressantes. Tout Ă©tait nouveau pour elle. Un autre monde commençait Ă sâĂ©taler devant ses pieds. Et câĂ©tait grisant, elle devait bien le reconnaĂźtre. Son humeur augmentait de façon positive. La militaire observait le petit jeu des deux filles, Ă©tant donnĂ© quâelle Ă©tait calĂ©e entre ces deux-lĂ . Elle ne comprit pas tout de suite quâelles essayaient de dĂ©terminer laquelle des deux allait lui poser une question plutĂŽt personnelle. Question qui tomba sur sa bague. Machinalement, Pedge la caressa du bout des doigts. Isia avait dĂ» rĂ©pondre Ă son mail dâailleurs⊠Ni lâun ni lâautre. » Elle savait quâelles ne se satisferaient pas de cette rĂ©ponse, aussi expliqua-t-elle un peu. Câest une amie qui me lâa offerte suite Ă un pari. Nous avions passĂ© la soirĂ©e de la saint Valentin ensemble, et câĂ©tait pour simuler un couple que nous ne sommes pas vraiment. » Et pourtant, elle lâaffichait et la gardait, comme un lien dâappartenance Ă la chirurgienne. Elle la fit tourner distraitement entre ses doigts. CâĂ©tait un peu la seule chose qui la rattachait Ă Atlantis dĂ©sormais. Elle espĂ©rait avoir comblĂ© leur curiositĂ©, nĂ©anmoins elle sâattendait Ă quelques rĂ©actions. Elle comprenait que câĂ©tait atypique comme cadeau », surtout quand il Ă©tait portĂ©. Equipe soirLes Ăąmes soeurs parurent déçues lâespace dâun sâattendaient Ă une histoire beaucoup plus palpitante, comme un dĂ©claration dâamour enflammĂ©e au beau milieu de la citĂ©, avec une demande en mariage et une romance bien ficelĂ©e. Mais non. Un cadeau ? Cadeau qui se plaçait Ă lâannulaire et quâelle ne retirait pas ? Pire encore, Pedge jouait avec en expliquant une mise en scĂšne plutĂŽt Ă©trange. Les deux jeunes femmes se penchĂšrent en arriĂšre pour sâĂ©changer un regard en ayant eu exactement la mĂȘme pensĂ©e. CâĂ©tait plutĂŽt original et trĂšs romantique comme façon de faire âOn est pas ensemble hein, câest une blague, juste un dĂ©lire...mais on garde la bague au doigt...et du coup...ben on est ensembleâŠâMatty et Katleen riĂšrent de bon coeur face Ă la mĂȘme dĂ©duction. CâĂ©tait plutĂŽt mignon et attendrissant comme situation. Pour elles, câest comme si Pedge se trouvait une excuse pour ne pas assumer directement, envers elle-mĂȘme et les craintes quâelle pourrait avoir, son attirance pour son Ă©lue. Elles rĂ©pondirent Ă sa confidence en entrant dans son jeu. Câest gĂ©nial comme relation, je trouve. » Fit Matty en lui donnant un petit coup dâĂ©paule complice. La simulation a dĂ» te plaire... » Elle est jolie ta âfausseâ petite amie ? Tu as une photo Ă nous montrer ? » Ce nâest quâun jeu entre deux personnes adultes, ce nâest pas ma petite amie, fausse ou non. », rĂ©pondit Pedge du tac au tac, mĂȘme si elle se sentait gĂȘnĂ©e sur le moment, surtout que les deux filles ne semblaient pas dupes. Mais la texane faisait tout pour le dissimuler, dâailleurs, elle rangea ses mains sous la table. Oui elle est jolie mais je nâai pas de photo Ă vous montrer. ». Ce qui nâĂ©tait pas faux. Elle comprenait que les deux filles se gargarisent de sa rĂ©ponse un peu bancale, qui ne demandait quâĂ poser des questions supplĂ©mentaires. Elle est libre de faire ce quâelle veut et moi aussi. VoilĂ tout. », finit-elle par ajouter, se sentant obligĂ©e dâapporter des prĂ©cisions, mal Ă lâaise. Elle ne sâĂ©tait pas fermĂ©e, assumant parfaitement de papillonner comme elle le voulait. Elle sentait quâelle allait avoir le droit Ă dâautres questions, et câĂ©tait de bonne guerre. VoilĂ tout... » RĂ©pĂ©ta ironiquement lui fĂźt un clin dâoeil avant dâajouter Jâai bien lâimpression que ton histoire nâest pas aussi banale que tu le prĂ©tends.» Ouais, tu minimises un max, Pedge. Tâes grillĂ©e... » Et pas de photo ? Dommage. Tu verras pas celle de mes enfants... » Fit-elle en feignant une gros chantage plutĂŽt bancal. La concernĂ©e haussa des Ă©paules, ne sachant pas trop quoi rĂ©pondre quâune attitude parfaitement innocente. Kate et Matty nâĂ©taient pas moqueuses. Elles trouvaient ça trĂšs original et le malaise de leur nouvelle amie les amena Ă ne pas poser plus de questions. Matty avait simplement glissĂ© Ă lâoreille Pedge, comme en guise de conclusion Tu nâes pas sauvĂ©e, Pedge. On en reparlera forcĂ©ment ! » Quand vous voulez les filles, je nâai rien Ă cacher », fit-elle avec un clin dâoeil. Le malaise passait tranquillement. Cela ne tenait pas vraiment Ă leur question, mais plutĂŽt Ă celle que les interrogations des deux amies suscitaient en son for intĂ©rieur. Au final, elle Ă©tait bien en peine de dĂ©finir la relation quâelle entretenait avec la doctoresse, et elle se rendait compte quâelle ne souhaitait pas forcĂ©ment savoir pourquoi elle sâattachait Ă repas touchait Ă sa fin. Le comportement de Marta sâĂ©tait dĂ©gradĂ© tout au long du repas malgrĂ© ses diffĂ©rentes conversations. Son regard nerveux et colĂ©rique se posait souvent sur Pedge sans quâelle ne prononce le moindre mot. Le chef semblait sâen ĂȘtre rendu compte mais il nâĂ©tait pas intervenu tout de suite. Il savait pourtant que sa technicienne Ă©tait une vraie bombe Ă retardement. Assis en bout de table comme un patriarche, occupant un siĂšge apparement incontestĂ©, Gallen Tyrol prĂ©parait les affectations pour la vague de rĂ©paration suivante. MalgrĂ© lâenvironnement joyeux et bon enfant, une pression de plomb sâĂ©tait soudainement abattu sur tout le monde. Gallen se racla la gorge et prit la parole. Il se leva en posant son casque au milieu de tous en sâexclamant Allez les enfants, toutes les bonnes choses ont une fin. Câest lâheure... »Tous les hommes dĂ©montĂšrent tranquillement la seconde plaque de leurs dog tag sans broncher celle que lâon retirait Ă la mort dâun soldat. La lenteur de leur geste et le silence gĂȘnant tĂ©moignait dâune anxiĂ©tĂ© trĂšs intense mais que tous dissimulaient. Quelque chose qui Ă©tait loin dâĂȘtre exagĂ©rĂ© et que Pedge ignorait totalement les concernant. CâĂ©tait comme sâils Ă©taient soudainement devenus des soldats condamnĂ©s Ă mener une attaque impossible. La mĂȘme tension tirait leurs traits. Les uns aprĂšs les autres, ils placĂšrent leur plaque dans le casque de protection de Tyrol. Chaque choc de plaque produisait un son mĂ©tallique qui ressemblait Ă©trangement Ă des piĂšces de monnaies tombant dans une donna une tape sur lâĂ©paule de Pedge et secoua nĂ©gativement la tĂȘte. Non, toi, tu gardes tes plaques. »Cette phrase dĂ©clencha soudainement la colĂšre de Marta. Comme si câĂ©tait lâĂ©tincelle attendue dans la poudriĂšre nationale. Le cataclysme du siĂšcle Ă©tait en dĂ©veloppa sans se rendre compte de ce quâil se tramait Ca va te paraĂźtre trĂšs glauque mais gĂ©nĂ©ralement, quand on perd quelquâun au boulot, on ne retrouve plus grand chose de lui. » Faire des rĂ©parations sur des dommages et des avaries dâune telle envergure nous exposent Ă tout un tas de risques. On intervient sur des secteurs qui sont loin dâĂȘtre sĂ»rs. Et si on le fait pas, câest le reste de lâĂ©quipage qui est menacĂ©. Alors on se choisit par le hasard, câest un peu devenu notre tradition. » ComplĂ©ta Lip en dĂ©posant sa plaque. Marta lâimita rapidement. Au passage, elle ajouta dans son Ă©ternelle provocation et en contredisant totalement les propos de Kate Ouais. Moi jâattends de voir si notre starlette Ă les couilles de nous suivre face au danger. Vu que certains tirĂ©s au sort partiront faire la âvalseâ...tu nâas quâĂ poser ta plaque avec les nĂŽtres, Pedge. » Son regard noir et irritant la dĂ©fiait clairement. AprĂšs tout, tâes une bĂ©ret vert en plus dâune sardine. Câest bien comme ça que tu te baladais en allant voir le vieux non ? Les gens dans ton genre, ça pisse toujours plus loin que les autres et ça porte le melon. Alors tu vas nous le prouver... »Le chef intervint rapidement dâun air sĂ©vĂšre Ta gueule, Marta. Tu vas te calmer et la mettre en sourdine tout de suite. Je te rappelle que câest une volontaire, elle ne sera pas affectĂ©e sur les zones Ă risques. » Ouais » RĂ©pondit-elle, mauvaise. Câest bien ce que je pensais. Brillante idĂ©e de nous foutre ce boulet dans les pattes, chef. Pile quand on doit passer notre temps Ă risquer notre peau. SacrĂ© renfort quâon a lĂ . Perdre Mac, ça suffisait pas ? Il en faut un autre ? » Soldat, vous dĂ©passez les bornes ! »Gallen Ă©tait devenu le gradĂ© et avait quittĂ© toute notion dâhumanitĂ© chaleureuse. Quelques collĂšgues tentĂšrent dâintervenir mais en vain. Tout ça Ă©tait montĂ© si vite et dâun rien quâune bonne moitiĂ© de lâĂ©quipe se contentait dâobserver, complĂštement surpris, la scĂšne qui se dĂ©roulait devant eux. Leur voix sâĂ©taient tues contre la montĂ©e progressive de la tension entre Gallen et Marta. Elle sâĂ©tait levĂ©e, les mains Ă plat sur la table, et dĂ©clarait dâune voix vibrante de colĂšre et loin de toute objectivitĂ© Câest parfait, chef. PARFAIT ! Cette connasse nâa quâĂ aller se branler dans les draps de Mac, se taper son rata et se foutre les pieds sous la table en nous attendant. Pendant quâon court les risques. »Elle explosa de colĂšre en fixant lâassemblĂ©e. Mais continuez Ă la couvrir de vos sourires. Avec vos petits rires, vos bisous et vos caresses. Tas de fayots ! »Un silence total venait de recouvrir le dortoir. Ils Ă©taient tous atterrĂ©s. Marta en pleurait de rage. On aurait cru que Pedge avait Ă©tĂ© lâĂ©lĂ©ment dĂ©clencheur, quâelle disait tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Et quâelle seule nâavait pas su tenir. AprĂšs tout, si on crĂšve comme des cons, on sera vite oubliĂ©. En mĂȘme pas un mois, comme Mac. Câest bien ce quâil faut en dĂ©duire non ? » Suivez-moi soldat, jâai deux mots Ă vous dire ! »Gallen Ă©tait rouge de colĂšre. Il lâembarqua avec lui jusquâau couloir en laissant le reste de lâĂ©quipe dans une ambiance complĂštement dĂ©faite. La plupart tentĂšrent de retourner Ă leur occupations ou discussions mais ce fĂ»t en vain. Elle va vraiment si mal ? » Hasarda acquiesça lentement en fixant le reste de lâĂ©quipe. Elle mâa dit quâelle le voyait partout...elle nâarrive pas Ă se le sortir de la tĂȘte. »Peter machouilla son cigare puis soupira dans un grognement de son cĂŽtĂ©, Matty fĂźt un coup dâĂ©paule Ă Pedge en murmurant HĂ©, dĂ©solĂ© pour ce quâelle tâa dit. Je voudrais que tu oublies ses conneries, câest la haine qui parle. Elle est invivable depuis quelques temps. Et pour nous tous... »Tyrol revint un instant plus tard. Il semblait plus calme et Marta ne le suivait pas. Il lâavait surement envoyĂ© en cellule pour lui apprendre le respect. Mais le problĂšme Ă©tait beaucoup plus profond et difficile Ă chef rĂ©cupĂ©ra le casque puis le tendit Ă Pedge. On continue. Pedge, câest Ă toi. Une main innocente pour faire le tir au sort. »Il insista particuliĂšrement sur le mot âinnocenteâ.CâĂ©tait sa façon Ă lui de sâexcuser pour lâattaque dont elle venait clairement de faire lâobjet. Une ambiance de plomb tomba soudainement sur le groupe quand Gallen sonna la fin des rĂ©jouissances. Ils dĂ©firent tous leur plaque dâidentification, et forcĂ©ment, pour coller au corps du groupe, la texane commença Ă en faire de mĂȘme, un peu curieuse de savoir pourquoi ils faisaient cela, quand Katleen lâen empĂȘcha. Lâexplication vint de sa comparse. Pedge nâĂ©tait pas super ravie de se voir mettre de cĂŽtĂ© et protĂ©gĂ©e de la sorte, mais elle sâĂ©tait promise de ne pas faire de vague, aussi prĂ©fĂ©ra-t-elle la fermer⊠Pour le moment. Elle comprenait nĂ©anmoins quâils fassent cela. CâĂ©tait glauque, mais rĂ©aliste, et Pedge Ă©tait seulement en train de prendre conscience de la rĂ©alitĂ© dangereuse que cĂŽtoyait ces techniciens, surtout aprĂšs le complĂ©ment de Lip. Elle nâavait pas Marta dans son champ de vision, sinon elle aurait certainement vue que la blonde sâapprĂȘtait Ă entrer en Ă©ruption. Elle commençait Ă la gonfler dâĂȘtre la cible facile de son aigreur. Mais sĂ©rieusement. Et aprĂšs on venait lui parler de symbiose dâĂ©quipe, comme quoi elle ne devait pas foutre le bordel et tout ça. Sa simple prĂ©sence Ă©tait une erreur, alors que pouvait-elle y faire ? La texane se ferma et, plus par crainte de faire la conne, elle alla chercher du regard un Ă©lĂ©ment du dĂ©cor intĂ©ressant pour ne pas la regarder. Elle commençait vraiment Ă la saouler. Sa journĂ©e avait Ă©tĂ© Ă©prouvante, elle Ă©tait loin de son milieu naturel, loin de son affectation de base, elle se retrouvait dans un vaisseau quâelle ne connaissait que pour lâavoir empruntĂ© quelques fois, et elle portait sur son dos le poids de la culpabilitĂ© des morts de son Ă©quipage dans un engagement inĂ©gal face Ă trois croiseurs Wraiths. Et maintenant cette pouffiasse lui collait une tartine Ă la moindre occasion. Lâofficier prĂ©fĂ©ra intervenir. Pedge ne savait pas si elle Ă©tait frustrĂ©e de cette intervention ou si elle Ă©tait soulagĂ©e, mais cela ne calma pas vraiment Marta qui remit une couche, provoquant lâire de Tyrol qui avait perdu toute bienveillance Ă son Ă©gard. Avec toute la volontĂ© du monde, Pedge encaissa la nouvelle charge agressive de Marta, qui dĂ©versait sa haine sur elle comme un adolescent le faisait sur un mouchoir. Elle regardait un point dans lâespace, en attendant que ça passe. Gallen avait pris les devants, et elle ne pouvait pas le supplanter. Mais elle avait une furieuse envie de se barrer, et bien malgrĂ© elle, elle se crispa, la mĂąchoire verrouillĂ©e. En fait, elle avait surement raison, la Marta. Elle nâĂ©tait quâune usurpatrice. Non seulement elle Ă©tait responsable des avaries et des morts, mais en plus de ça, elle venait dans une Ă©quipe de technicien prendre la place dâun mort quâelle avait tuĂ© indirectement. Elle nâĂ©coutait plus vraiment ce qui se passait dans le dortoir. Ses oreilles sifflaient. Elle en voulait Ă Caldwell. Au final, elle avait demandĂ© Ă dĂ©missionner et Ă ĂȘtre jugĂ©, et il avait refusĂ© la premiĂšre demande. Par contre lĂ , il satisfaisait la seconde. Il lâavait placĂ© dans une Ă©quipe lĂ©sĂ©e par ses actions sur la Magna, par son bavardage Ă cette reine, et elle prenait en pleine face toute sa culpabilitĂ©. CâĂ©tait parfait. Absolument parfait. Pedge Ă©tait plus seule que jamais, et sa tourmente ne faisait que commencer. Elle avait pris la dĂ©cision dâĂȘtre transparente, et aprĂšs lâĂ©vĂšnement Marta, il aurait certainement Ă©tĂ© plus sage de la fermer, mais au point oĂč elle en Ă©tait⊠Elle laissait les membres de lâĂ©quipe, qui nâĂ©tait, au final, pas la sienne, divaguer sur le sujet maintenant que Marta Ă©tait partie en compagnie de Tyrol. Pedge restait mutique, et elle nâeut aucune espĂšce de rĂ©action quand Matty tenta de rattraper le coup. La goutte dâeau vint de Tyrol et de sa putain de main innocente. Un violent tremblement la parcouru, tandis quâune peur sauvage sâemparait de ses tripes. Elle devait leur dire, et, elle devait bien se lâavouer, elle avait les pĂ©toches. Elle se condamnait volontairement, en se jetant en pĂąture aux lions en affirmant haut et fort quâelle Ă©tait une gazelle. Marta Ă raison. Je ne mĂ©rite pas dâĂȘtre ici. », commença Pedge sombrement, nâesquissant pas un mouvement pour saisir une plaque. Elle ne savait pas trop comment tourner la chose, et aprĂšs une inspiration lente par le nez, elle prĂ©senta les choses comme elles lui venaient dans la tĂȘte Lâembuscade Wraith contre le DĂ©dale nâĂ©tait pas un hasard. » Comme toujours lorsquâil sâagit dâembuscade. Elle gardait une mine rĂ©solument neutre. Ils ont eu des informations, et câest moi qui les leur ai donnĂ©es. Je suis responsable directement des morts et des avaries. » Elle baissa les yeux, provoquant lâĂ©chappĂ©e de sa mĂšche de cheveux qui vint se placer devant son visage. Elle la remonta derriĂšre son oreille un peu nerveusement. En fait, elle Ă©tait Ă deux doigts de perdre toute contenance. Elle ajouta nĂ©anmoins, faisant preuve dâune maĂźtrise et dâun sang-froid exceptionnel. Ce matin, la sardine que je suis, est allĂ©e dĂ©missionner. Le colonel Caldwell a refusĂ© ma dĂ©mission et mâa envoyĂ© ici. Je voulais ĂȘtre jugĂ©e par un tribunal militaire, et maintenant je comprends que ça ne devait pas lui suffire. Donc jâaccepte que ce soit ses propres hommes, sa famille, qui me juge. » Le silence Ă©tait pesant, et dĂ©sormais, Pedge attendait les rĂ©actions. Elle ne pouvait faire que ça. Elle ne pouvait pas se lever et sâen aller. Ce serait une insulte de plus Ă lâensemble de ces hommes et femmes. Non, elle devait faire face, accepter son chĂątiment. Il nây avait rien de plus terrible que de se faire juger par ses pairs dans lâarmĂ©e. Pas par les pontes qui pouvaient se trouver dans un tribunal militaire, non, par ceux qui faisaient le sel dâune armĂ©e, son corps, son Ăąme, sa vie. Les gars du rangs quoi. Permission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forum
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